Mardi 26 juillet 2016 – J265
19h07,
Dans la maison ,Orto-Oryuktyu
Distance parcourue : 86,48km
Vitesse moyenne : 18,68km/h
Vitesse maximum : 45,62m/h
Temps sur le vélo : 04h37min
Dénivelé positif : 293m
Altitude maximum : 1941m
Ce matin, on est seulement effectifs à 9h ! Il faut dire que la nuit a été rude : la nature s’est déchainée : 1h30 d’orages intensifs ! Ça aurait pu être un beau spectacle de sons et lumières mais malheureusement, nous étions sous la tente avec les yeux qui s’ouvraient toutes les 2 secondes dû à un nouvel éclair... puis le silence morbide… avant les bourrasques de vent et la foudre ! Étant à côté d’un torrent et entourés de végétations, on n’a pas eu l’esprit tranquille… Et puis, Jean-Michel nous avait montré une vidéo des chûtes de grêlons de la taille de balles de tennis dans les montagnes d’Almaty il y a quelques jours, mais heureusement, on y a échappé ! Plus de peur que de mal, on a pu dormir sur nos 2 oreilles après ‘l’extinction des feux’ !
Pour débuter cette journée, la route n’est pas confortable mais la vallée continue de nous époustoufler ! Les ruches sont abondantes et les cavaliers de tout âge omniprésents… On ressent le fait qu’on est dans un pays plus peuplé mais c’est agréable et surprenant de voir le nombre de ‘nomades’ avec yourte et caravanes ! Nous sommes nomades pour un peu plus d’un an, eux le sont à vie… L’endroit reste un havre de paix pour nous. 14 kilomètres plus loin, la route en graviers devient une nouvelle route asphaltée et on arrive dans les premiers villages de la vallée ! Les non-nomades ont des maisons assez basiques avec des toitures en tôles ondulées, et toilette (ou feuillée) au fond du jardin. Les Kirghizes nous font bonne impression, simples (sans être simplistes) et avec de magnifiques sourires ! Les femmes semblent moins réceptives que les hommes et enfants qui nous crient des ‘hellos’ à tue-tête. Certains ont les pommettes rosées et des yeux plus bridés mais tous les hommes ont un béret ou un chapeau traditionnel! Alors qu’on s’arrête pour faire une recharge eau (pétillante, pas le choix), 4 hommes jouent aux cartes et font signe à Pif de venir… Un d’eux nous fait un genre de bénédiction avec ses mains puis nous laissent repartir, émerveillés par la bécane. On poursuit notre descente de la vallée avec à notre gauche les pics enneigés dont certains sont à 7000 mètres d’altitude. On les admire de loin : on aura le temps de les explorer de plus près avec Thom et Isa en août ! On arrive alors au bord du lac Issyk-Kul, avec ces 170 kilomètres de long et ces 30 kilomètres de large, c’est le lac alpin le deuxième plus grand au monde (après le lac Titicaca) mais il se fait timide dans un premier temps. La route est avec un peu plus de trafic mais ça reste gérable. Par contre, on apprécie moins les conducteurs peu aimables, qui nous envoient, sur les tronçons en construction, des gravillons avec du bitume frais ! Ça claque, ça colle et on s’en passerait bien !
Midi, nous sommes à 50 kilomètres… on mange notre pique-nique à l’ombre car ça tape pas mal ! Après avoir repris des forces, on repart de plus belle : on longe le lac et on l’aperçoit enfin ! Étant donné que ce lac est entouré de montagnes, on joue un peu aux montagnes russes le long de cette grande étendue d’eau… ça fatigue mais on tiendra le rythme jusque 16h. De temps à autre, on a eu droit à des cimetières dont les photos sur les tombes semblaient nous observer… un peu flippant !
On arrive alors au village d’Orto-Oryuktyu, où habite un warmshower ! Malheureusement, n’ayant pas le wifi, on n’a aucune idée de si il a accepté notre demande ou non et on ne connait pas son adresse, juste son nom. On s’arrête à un banc où quelques personnes vendent des seaux de fruits, pas le choix, les abricots me font de l’œil! Malheureusement, pas moyen d’en prendre en petite quantité, on doit donc en faire l’impasse… On demande alors où habite le fameux warmshower mais pas de réponses bien claires. Alors qu’on repart bredouille, une petite fille du groupe revient vers nous en courant et nous offre gracieusement quelques abricots ! On est touchés par la démarche et on n’est pas au bout de nos surprises ! De fait, une dame du groupe vient nous parler en russe… malgré nos grosses lacunes dans cette langue, elle nous fait comprendre qu’elle souhaiterait nous héberger ! On la suit et on entre dans sa propriété… une grande maison vide, une plus petite de l’autre côté et puis un immense et magnifique verger. Elle s’empresse de nous montrer l’intérieur et de nous préparer un lit douillet sur le sol. Elle inspire la confiance mais sa réaction était si spontanée qu’elle nous trouble ! Et puis ces questions financières sur notre salaire, le vélo etc sont abondantes. Elle nous fait vite comprendre sa situation familiale de manière un peu plaintive: 4 enfants allant de 1 à 18 ans et veuve depuis quelques mois. Cependant, on admire sa gentillesse et sa patience !
Elle nous présente alors ces 3 filles, toutes adorables et on prend le fameux ‘tchay’ (thé) ensemble ! Avec le thé, on apporte notre pain et la maman revient avec de la confiture aux framboises et myrtilles faite maison : un régal ! L’ainée étudie à Bishkek et parle assez bien anglais. L’échange est magique mais on sent qu’elles ne veulent pas trop longtemps nous déranger dans notre ‘repos’… Elles repartent dans l’autre maisonnette où elles doivent être serrées comme des sardines alors que nous avons une ‘villa’ pour nous… Etrange. Alors qu’on s’apprêtait à dormir, la grande arrive avec 2 belles assiettes de pâtes et crudités, elle nous sert comme des rois et on trouve ça bizarre de manger ‘à part’, mais ça semble partir d’une bonne intention !
Une première nuit sur les tapis kirghizes qui s’annonce bonne,
Val & Pif
Pensée positive : L’ambiance des premiers villages kirghizes et l’accueil spontané fin de journée!
Pensée négative : Les conducteurs semblent avoir acheter leur permis de conduire aussi ici… mais apparemment, la courtoisie est une grosse option !
Anecdote : Pendant l’un des moments échanges, la maman change la petite et nous présente le ‘kyrgyz pampers’… ça part en fou-rire général, le mot est international ! Sauf qu’ici, elle recouvre l’intérieur du pampers à usage multiple par un essuie, histoire d’être plus écologique bien que cela demande plus de boulot !
Mercredi 27 juillet 2016 – J266
18h20,
Sous la tente, au bord du lac Issyk-Kul
Distance parcourue : 96,70km
Vitesse moyenne : 17,81km/h
Vitesse maximum : 46,48m/h
Temps sur le vélo : 05h25min
Dénivelé positif : 395m
Altitude maximum : 1770m
Journée pas extra, avec pas mal de déceptions…
On se réveille dans notre grande pièce et on commence à remballer les sacoches. Arrivent alors la maman avec son bébé et sa fille de 11 ans. Elles nous invitent à nous assoir pour déjeuner et un malaise direct s’installe dans la pièce. Elles nous regardent manger et la mère commence à poser mille et une questions sur l’argent. Elle ne sait rien dire en anglais mais par contre le mot money… Val avait déjà senti l’oignon la veille. Moi toujours plus naïf… Le problème ici c’est qu’on ne sait pas vraiment mis d’accord avant de se retrouver dans cette situation, et que la situation est malsaine. La femme avec qui on a créé un certain lien depuis hier nous ‘réclame’ de l’argent devant sa fille de 11 ans, on n’est vraiment pas à l’aise. De plus on est toujours sur le problème de la communication, on ne se comprend vraiment pas. La jeune de 18 ans apparemment dort et ne veut pas se montrer. Pourtant dès qu’on écrit quelque chose sur le traducteur de l’Iphone, la petite de 11 ans court dans l’autre maison avec ce dernier et revient faire des messes basses à sa mère. Finalement, la mère nous réclame une somme juste énorme… On donnera la moitié, c’est-à-dire pratiquement tout ce qu’on a dans cette monnaie… On est dégoutés. Surtout moi. Je suis énervé sur moi-même. Je n’arrive pas à dire non. A prendre le dessus. A lui dire merde. Et je lui tends l’argent en râlant intérieurement.
On se retrouve sur le vélo complètement déçus et frustrés. C’est une situation dans laquelle on remet tout en question. Tous les échanges de la veille au soir, toutes les petites attentions, l’hospitalité (qui n’en est donc pas vraiment une…),… on ne peut pas s’empêcher de ressentir le fait de s’être fait avoir… On discute beaucoup, on se met d’accord pour si une situation pareille revient à se présenter, et on se remémore les bons souvenirs de la veille au soir néanmoins pour ne pas rester que sur la note négative.
Cette fameuse route nord du lac Issyk-Kul… quelle déception pour cette première journée ! On est loin des no man’s land du Kazakhstan. La route est juste dégueulasse, la plupart du temps en travaux et on est constamment dans le sable et la poussière. Le trafic est infernal et les Kirghizes roulent vraiment comme des sacs à merde. C’est la route des vacances ici et ils n’en ont strictement rien à foutre de nous. Partout des travaux, des nouvelles constructions, des hôtels et des ressorts dans tous les sens. Ce lac ne nous présente aucun charme. Les reflets du soleil ne font ressortir aucunes couleurs extraordinaires. Et les montagnes à notre droite marquant la frontière avec le Kazakhstan ne sont pas des plus belles non plus, de nouveau à cause des grues et constructions… On est loin du cliché des yourtes et des cavaliers découvert la veille.
On roule sans panache, sans entrain. On trouve des banques mais aucune n’accepte Maestro… on sera obligés de retirer avec Visa. On mange à midi à une bawette des samsas pas mauvais mais bien gras. On voit défiler les touristes en habits playa. C’est la côte d’Azur kirghize ici… et sur 150km!
Deux choses nous remontent quand même le moral : Les nombreux vendeurs de fruits et autres petites choses sur le bord de la route. Des sauts entiers d’abricots, de cerises, et pour quelques centimes d’euros ! Et les voitures kazakhes, beaucoup plus sympas, qui nous encouragent. L’une d’elle d’ailleurs s’arrête à un moment fin d’après-midi et nous fait signe de venir… c’est la famille avec qui on a passé la frontière l’avant-veille ! Ils nous offrent un énorme sachet de pêches et de cerises pour nous encourager ! Les Kazakhes nous manquent aujourd’hui !
Vers 15h on s’arrête dans la ville Cholpon-Ata… no comment. Nights clubs, bars, musique à donf partout,… ça ne nous fait pas rêver. On se pose à la terrasse d’un resto-bar où on commande juste une bouteille d’eau mais on a absolument besoin du wifi car on attend une réponse importante depuis Bishkek… rien sur notre boite mails… youpie.
20km après cette ville (durant lesquels il a plu évidemment) on poussera Doudou dans le sable pour se mettre au bord de l’eau à un endroit où il y a une plage avec yourtes pour vacanciers mais pas de ressort. On plante la tente alors qu’il commence à pleuvoir de plus belle. Heureusement ça se calmera pour laisser place à un très beau coucher de soleil. On en profitera pour se laver dans l’eau salée du lac et souper des bonnes pâtes. On finit donc la journée sur une note très positive avant de sauter dans la tente alors que le tonnerre revient !
Demain est un autre jour,
Pif & Val
Pensée positive : Overdose de fruits trop bons et bon souper devant un magnifique coucher de soleil.
Pensée négative : Un jour sans qui nous rend nostalgique du Kazakhstan. Et le tourisme développé autour de ce lac qui gâche vraiment tout…
Anecdote : Aujourd’hui, on a acheté de l’eau pétillante… La Corona… attention chaud devant !
Jeudi 28 juillet 2016 – J267
18h20,
Sous la tente, au bord du lac Issyk-Kul, à 5km de Balyktchy
Distance parcourue : 60,84km
Vitesse moyenne : 17,43km/h
Vitesse maximum : 27,58m/h
Temps sur le vélo : 03h29min
Dénivelé positif : 89m
Altitude maximum : 1626m
6h du matin, nous voilà réveillés par une tempête ! Le vent est vraiment fort et la tente penche de plus en plus… Heureusement, pas de casse mais notre plan ‘journée farniente au bord du lac’ tombe à l’eau ! La tempête sera courte mais il continue de bien pleuvoir… alors, comme on a le temps, on attend que ça se calme et on se rendort… une petite éclaircie nous invite à sortir déjeuner mais elle sera de trop courte durée, du coup, on retourne dans notre grotte sous les yeux hébétés d’un berger fasciné par le vélo et la tente ! On replonge dans nos livres, on regarde 2 friends et puis la pluie se calme enfin ! On range donc notre attirail quelque peu ensablé avec la tempête du réveil !
Nous revoilà sur la route en travaux vers 11h, avec un ciel gris et des averses… mais, bizarrement, la route est quasi déserte! Cela dit, c’est plaisant ! Tous les 300 mètres, un flic est présent et arrête quelques véhicules qui s’entassent dans des champs ou petits chemins… On ne comprend pas ce qui arrive : un nouvel avis de tempête? Une grève ? Un convoi exceptionnel? On part sur la 3ème option après avoir traversé un village où les smartphones et appareils photos étaient déjà dégainés avant notre arrivée ! Au bout du 10ème flic, il nous demande de nous mettre aussi sur le côté et on apprend que le convoi escorte Monsieur le Président, tout simplement ! 5 minutes plus tard, comme dans les films, le convoi de voitures blindées passe à toute allure… Certains photographient, d’autres rigolent de la situation (arrêter les voitures dans les 2 sens, c’est un peu exagéré) et puis d’autres poussent sur l’accélérateur dès que Monsieur le Président est passé ! Le redémarrage de dizaines de voitures en même temps est complètement dingue… ils ne regardent pas ce qui les entourent !
On repart donc dans un trafic bien plus intensif et après quelques kilomètres seulement, on s’arrête pour la pause lunch ! On mange le moins bon ‘laghman’ (nouilles avec oignons, poivrons et viande) mais les meilleurs ‘samsas’ de notre voyage ! Les samsas sortent tout droit d’un vieux four en terre cuite… un délice !
On roulera de manière assez peinard l’après-midi… route peu agréable, et on n’apercevra même pas les montagnes nous entourant avec tous ces nuages ! Alors qu’on s’arrête à une supérette, une voiture avec 4 jeunes Kirghizes s’arrête. Ils parlent anglais, sont plutôt chouettes et nous offrent des abricots ! A peine partis, Pif fait un petit tour avec une fillette qui observait le vélo depuis le stand familiale de fruits… malheureusement, ces chouettes moments sont gâchés par les ‘mamas’ du stand qui viennent nous supplier d’acheter des kilos d’abricots (alors qu’on vient d’en recevoir) et puis mendier. On espère ne pas être juste un portefeuille ambulant pour ce pays, à voir… On se rapproche alors de la fin du lac et on prend un petit chemin pour s’y approcher une dernière fois pour cette étape… Endroit de bivouac plaisant, dommage qu’il fasse froid !
Ce soir, fruits et biscuits dans la tente et puis au dodo avec le bruit des vagues…
Val & Pif
Pensée positive : Merci Monsieur le Président de nous avoir rendu plus calme la route pour débuter la journée !
Pensée négative : Derniers kilomètres près d’un lac super pour s’y baigner et on ne peut pas en profiter avec ce mauvais temps !
Anecdote : Beaucoup de superettes sont des containers réaménagés !
Vendredi 29 juillet 2016 – J268
30/07, 07h39,
Dans notre yourte, au bord du lac Issyk-Kul, Yellow reed camp yurte, à 5km de Balyktchy
La veille au soir, alors qu’on digère notre overdose de fruits et cookies sous la tente et qu’on s’apprête déjà à sombrer dans les bras de Morphée, une voix nous interpelle en anglais : ‘hello, there is someone inside?’. Je sors alors et tombe nez-à-nez avec un jeune homme qui me sert la main et m’explique qui l’habite avec son ‘frère’ dans les 3 yourtes situées 500m plus loin, devant lesquelles on est passés en roulant sur le chemin de sable. Il nous propose alors de venir boire le thé à 20h, soit dans une heure. On accepte et on continue à bouquiner (enfin moi je ronfle apparemment) jusqu’à l’heure de rdv. On arrive alors aux trois yourtes et on rencontre Azamat et Bexultan, ce dernier étant celui qui est venu nous inviter. Ils nous installent dans un salon en plein air construit avec des palettes, et nous offrent thé, pain et pastèque alors qu’on a apporté des Pim’s. Azamat, à l’origine du projet, nous explique qu’il a quitté son job d’ingénieur dans une compagnie pétrolière en mai et qui c’est la première fois qu’il tente de mettre sur pied cette petite organisation touristique. Trois yourtes dont deux qui peuvent accueillir des gens, la troisième étant la cuisine. Aujourd’hui et demain, pas de clients, et les journées rien qu’à eux deux sont longues. Du coup ils sont bien contents de nous accueillir pour avoir aussi de la compagnie. On discute énormément et la soirée est super agréable. Au loin on entend des cris du côté de la tente. On à l’impression qu’il y a toute une bande. On rencontre alors un jeune homme, soit drogué soit complètement attardé, qui parle et crie tout seul en courant dans les champs. Azamat nous explique qu’il n’a pas l’air méchant mais que c’est un problème parce que il a déjà effrayé plus d’un client… L’orage arrive également et les deux compères nous proposent de dormir dans une des yourtes gratuitement. On a du mal à refuser mais malheureusement il fait nuit et on n’a pas le courage de remballer tout notre bivouac à cette heure-ci. Vers 21h30 on se quitte en se donnant rdv le lendemain matin pour le petit-déjeuner.
Il pleuvra bien la première moitié de nuit mais sans vent, et l’homme fou disparait vers 22h. On dort bien malgré la mauvaise digestion des cookies pour ma part. On se réveille calmement sous un ciel gris mais au loin arrive un ciel complètement bleu. On remballe notre bivouac et vers 9h on se dirige vers les yourtes. L’endroit est vraiment génial. Trois yourtes au milieu de nulle part, pas de panneaux publicitaires au bord de la route, juste une route de sable pour arriver ici. Azamat se lève et on déjeune tous les trois pendant deux bonnes heures… au soleil ! On lui fait découvrir les tartines choco-bananes, il adhère. Il nous fait découvrir la confiture de fraises venant de la ferme de son frère, on adore. On décide alors de rester ici la journée et de profiter du lac sous le soleil. Malgré notre demande, notre hôte ne veut pas que nous payons : ‘If there is no customers, you can sleep in the yurt for free’. On le remercie vivement et on lui dit qu’on offrira le repas le soir. On continue de discuter de mille et une choses. Ce jeune gars de 30 ans est super intéressant.
On découvre alors que la politique ici est tout autre que chez leurs voisins kazakhs. Depuis 1991, 5 chefs d’état se sont succédés, dont une présidente. Le pays a connu beaucoup de mouvements politiques et de renversements. Ce n’est pas si négatif que cela, mais ça reflète le fait que c’est peut-être le pays le plus démocratique de l’Asie Centrale. De plus, d’après Azamat, les gens ici sont beaucoup plus contre l’ex-régime soviétique. D’après lui le Kirghizstan a énormément souffert et continue de souffrir de l’influence russe. On ressent le besoin d’avoir un pays indépendant et fort, sans l’aide de Monsieur Poutine et la propagande anti-occident.
On décide ensuite d’aller faire un moment bronzette sur la plage pour profiter au maximum de cette belle fenêtre météo. Azamat nous montre alors la petite yourte du milieu. C’est beaucoup trop beau. Il nous explique que tout est encore fait main. Quelques villages, principalement au sud du lac, continuent à se spécialiser dans la fabrication de yourtes. Structures en bois, toiles en laine, décorations brodées, et murs en tiges tressées, ça vend du rêve. Alors que ça semble compliqué, il leur faut seulement 3h pour monter une yourte à deux. Seule la yourte cuisine est une ‘fausse’ avec une armature en métal. Il nous confirme également qu’il y a encore énormément de nomades dans le pays, et que les yourtes et carrioles que nous avons vues dans la vallée de Karkara sont bien des authentiques habitations d’éleveurs qui sont là pour l’été. Avant de se rendre au bord de l’eau, Azamat remarque le fanion orange et noir sur le guidon de Doudou et nous demande pourquoi on a ça. On lui explique qu’une famille nous l’a donné au Kazakhstan et qu’on nous a expliqué que c’était les couleurs de la victoire de l’Union Soviétique lors de la deuxième guerre mondiale. Il nous explique alors que ces couleurs ne représentent pas seulement ça mais surtout la domination de l’Union Soviétique et maintenant de la Russie sur le reste du monde. Porter ces couleurs montre que l’on est pro-russe, et d’après lui dans certaines régions et dans certains pays, comme l’Ukraine et la Géorgie, avoir ce fanion sur le vélo peut nous apporter des ennuis…
Azamat nous montre une petite plage de sable gris pas loin d’où on a planté la tente la veille et nous prête deux parasols pour le soleil. On se baigne dans l’eau plutôt froide, ça fait du bien. On se pose ensuite au soleil et on profite de ce moment de plénitude. Comme seuls compagnons de plage, un berger et son troupeau de vaches à une centaines de mètres de nous.
Vers 15h, les nuages reviennent et le tonnerre se fait entendre. On retourne au campement et on se pose dans nos yourtes respectives pendant une heure le temps que ça se calme. Alors que Bexultan (qui s’est enfin levé) garde le camp, nous partons avec Azamat dans son 4x4 jusqu’à la ville située à 5km pour faire les courses pour le soir. La ville est vraiment moche, ancienne cité soviétique de stockage de pétrole. On fait un premier arrêt au supermarché de l’autre côté de la ville. On achète plein de choses trop cool pour passer une bonne soirée à 4. On ressort de là sous la pluie et on se dirige vers le bazar pour acheter légumes et viandes. C’est beaucoup trop cool d’acheter des ci-gros morceaux de mouton et de bœuf pour pas trop cher. Sur le chemin du retour notre hôte nous explique que Bexultan est un jeune de 20 ans qui a eu une enfance difficile, n’a pas fini son collège et maintenant travaille dans l’exploitation de son frère. Pour le changer d’air, Azamat lui a proposé de travailler pour lui cet été dans ce nouveau projet. Bexsultan ne parle pas super bien anglais mais est vraiment extra avec nous en tout cas. Il nous explique aussi que son frère est marié avec une Canadienne qui vit et travaille à Bichkek à l’école américaine. Et Azamat sort depuis un an avec… la sœur de la Canadienne qui suit sa frangine.
De retour au camp, on se met tous à la tâche pour préparer apéro et repas. Val et moi concoctons une salade de pâtes froides pennes, olives noires, maïs, concombres, tomates, feta et mayo. Nos hôtes sont tout fous : ils déclarent manger pour la première fois de leur vie une salade de pâtes… et ils adorent! Bexultan prépare les chachliks. Il coupe en petits morceaux les grosses pièces de viandes achetées sur le bazar. Il met les morceaux dans un saladier avec sauce tomate, mayo, oignons, épices, et il malaxe avant de laisser reposer pendant une heure. Comme ça on dirait de la bouillie…
On prend l’apéro. Cacahuètes, chips de la marque nationale FAN (beaucoup trop bons, et les 3 goûts essayés pour le moment), et bières kazakhes. Ils nous font aussi découvrir deux bières kirghizes. La plus populaire étant une pils à 11%... qui se boit comme une Leffe… On parle encore de plein de trucs. Ils nous expliquent la signification du drapeau. La croix au milieu du soleil représente la croix en bois que l’on retrouve au sommet de la structure de chaque yourte. Car c’est la première chose et la dernière chose que chaque Kirghiz est sensé voir dans sa vie. En effet, les naissances se font traditionnellement dans les yourtes et les morts reposent dans les yourtes avant d’être enterrés.
Il commence à faire noir, le vent devient très violent, et on décide de manger le plat dans la grande yourte. Les épées de viandes sont dorées à la braise avant de finir dans notre assiette. C’est juste dingue, c’est juste une tuerie, c’est juste trop bon, ça fond juste dans la bouche !! On finit la soirée affalés sur les gros coussins cousus par la maman de Bexsultan avec du thé et des morceaux d’un melon en forme de balle de rugby. On parle notamment cinéma, et on apprend que les premiers films européens étant arrivés ici après 1991 sont ceux de Louis de Funès et Michel Blanc, dont Azamat est complètement fan!
Vers 23h30, il est temps de regagner notre yourte pour un bon dodo-digestion,
Pif & Val
Pensée positive : Une journée de repos au bord du lac Issyk-Kul juste magique en compagnie de deux gars beaucoup trop cools! Encore merci Azamat et Bexsultan.
Pensée négative : Val a pris un sale coup de soleil sur les fesses et a du mal à s’assoir.
Anecdote : Ici, passer son permit de conduire via des cours d’auto-école coûte 4 fois plus cher que d’acheter directement son permis…
Samedi 30 juillet 2016 – J269
18h58,
Sous la tente, dans un champ, 10 km après Kemin
Distance parcourue : 103,86km
Vitesse moyenne : 21,26km/h
Vitesse maximum : 58,57m/h
Temps sur le vélo : 04h53min
Dénivelé positif : 193m
Altitude maximum : 1646m
Réveil dans une yourte plongée dans l’obscurité jusqu’au moment où Pif lui retire son ‘chapeau’ : voilà la yourte éclairée par son puits de lumière naturel… Et le drapeau kirghize prend tout son sens ! C’est vraiment chouette de vivre cette expérience et surtout avec eux 2. Ça reflète le bon ‘karma’ de notre voyage : quand on est déçus, épuisés ou en baisse de moral, il y a toujours une chouette ‘découverte’ qui arrive par la suite ! Ce matin, on prend notre temps : il ne fait pas suffocant comme dans la tente ! Liseuses, article et puis on range tout sauf notre attirail pour le petit-déjeuner ! Azamat se lève dès qu’on sort de la yourte et nous prépare un bon ‘tchay’… On profite du super salon en plein air une dernière fois, avec de belles éclaircies ! Azamat nous raconte encore un tas d’anecdotes dont celui concernant le vote. Ici, en plus du président, il y a un parlement… la majorité des Kirghizes aiment avoir un représentant des 2 parties du pays : par exemple, un premier ministre venant du nord et un président venant du sud ! Le vote n’est pas obligatoire et les Kirghizes peuvent se le revendre entre eux pour une vingtaine d’euros ! Du coup, une même personne peut voter plusieurs fois… voici la démocratie kirghize !
C’est dur, mais il est l’heure de repartir pour de nouvelles aventures ! On remercie Azamat pour avoir échangé autant et on repart de plus belle sur le vélo vers 10h… En espérant que le pneu arrière tienne le coup vu comme il est tout usé déjà ! On quitte le lac et ses bawettes de poissons et fruits, on repasse par la ville ‘à blocs soviétiques’ et puis on emprunte la nouvelle route… c’est lisse, quel bonheur ! Petit à petit, on s’enfonce dans la vallée menant à Bishkek avec des bawettes de miel. Un faux-plat descendant, on avance plutôt bien ! A midi, on mange des samsas le long d’un restoroute et puis on reprend cette route… Les montagnes se resserrent de plus en plus et nous voilà dans la gorge ! Le vent a fait son grand retour et il est bien de face… heureusement qu’on descend !
Des voitures klaxonnent, comme d’hab… Mais un coup de klaxon et le look des voitures requièrent l’attention de Pif. Bien vu, ce sont nos amis kazakhs de la frontière, ceux qui nous avaient offert un panier de vitamines ! Et bien, jamais 2 sans 3 ! On fait un peu plus amples connaissances, des petites photos souvenirs, et puis on reçoit de l’eau, un poisson séché (qu’on refusera gentiment, on ne le savourera pas comme eux…), un sachet d’abricots et un sachet de pommes ! Ils nous redonnent la pêche avec toutes leurs vitamines !
On arrive alors sur un plateau à la fin de la gorge… et c’est parti pour les marchands qui ne se différencient pas : des dizaines de vendeurs de maïs grillés qui sont assez avenants pour vendre leurs épis, ça se dispute les clients… c’est bizarre ! De l’autre côté, un fermier a réutilisé toutes les faces de containers pour en refaire une clôture et puis ça isole un peu acoustiquement et du vent, pourquoi pas !
Les villages d’après sont assez sympas : les gosses sont méga souriants et les parents très aimables, malgré cela, on plante la tente après ces villages… On est fatigués, pas envie de prendre le tchay à 21h ou de risquer une hospitalité payante. On reste sur une note positive pour cette étape grâce à Azamat et Bexultan!
On s’écarte de la route principale pour trouver un champ derrière une bute. Il est 16h30, on est posés ! On rigole autour du réchaud en pensant à tous les copains présents au mariage de John et Coco… Nous, pour souper, c’est pasta aux légumes et en dessert, une salade de fruits ! On aura ainsi festoyé un peu leur mariage malgré la distance !
Le soleil n’est pas encore couché mais la fatigue est bien présente,
Val & Pif
Pensée positive : On quitte le lac sous une belle note et… avec le soleil !
Pensée négative : Une des jonctions de la béquille du vélo a cédé… à ce prix-là, ça nous rend dingue ! Il va falloir trouver un soudeur à Bishkek… Et Pif a cassé le bracelet de sa montre…
Anecdote : On a dépassé les 11 0000 kilomètres aujourd’hui !
Dimanche 31 juillet 2016 – J270
22h31,
Dans le salon de Aida et Marless, Bishkek
Distance parcourue : 89,57km
Vitesse moyenne : 19,22km/h
Vitesse maximum : 29,52m/h
Temps sur le vélo : 04h39min
Dénivelé positif : 89m
Altitude maximum : 1005m
Réveil pénible. Il a plu toute la nuit et ça continue. Je sors de la tente vers 6h30 pour uriner et je constate qu’on est dans le brouillard le plus complet. Une bonne purée de pois. Plus d’arbres et plus de montagnes, juste la tente au milieu d’un champ. On traine dans notre grotte jusque 9h. Ca se calme un rien… on se dépêche de tout remballer et de déjeuner.
On commence directement par un ‘Y’. A gauche l’ancienne route, à droite la nouvelle. On prend l’ancienne. Il pleut toute la matinée et du coup pas beaucoup de gens pour nous encourager en bord de route. On avance plutôt bien évidemment sans pauses ni arrêts photos. On s’arrête vers midi après 44km dans un village. On est détrempés et on a bien froid. On repère un petit resto où une jeune fille nous accueille et nous invite, en anglais, à mettre Doudou sous le préau et à entrer au chaud. Elle est beaucoup trop sympa et sacrément commerciale. Dans le menu il y a des photos. On commande chacun une photo de salades différentes. Elle nous demande alors ce qu’on veut comme plat. On dit qu’on aura assez avec les salades. Elle commence alors à nous demander pourquoi on ne veut pas de la viande, si on n’aime la viande ou pas, elle nous dit que leur viande est très bonne… Oké mademoiselle vous le prenez comme ça… vous pouvez nous mettre une assiette de petites boulettes de viandes avec poivrons et oignons. Le repas est délicieux. Les salades trop bonnes. Une salade russe et une un mélange de pleins de choses. Le pain est au top, bref on passe un bon moment et on restera là jusque 14h30 avec des crêpes en dessert.
La pluie se calme enfin et on redémarre. Il reste 45km jusqu'au centre de la capitale… On y arrive en 2h… On ne se rend même pas compte qu’on rentre dans une ville. Le centre ressemble à la campagne, du moins les rues que nous empruntons. Seule une grande avenue nous rassure avec son paysage plus urbain. Espérons que la ville est morte parce que c’est dimanche. On arrive devant chez nos hôtes vers 16h30 et malheureusement personne ne répond à la porte d’entrée. Le bâtiment à l’air plutôt délabré mais il y a quand même un petit jardin vert devant. On se pose dans la rue face à la propriété et on mange un bon cookie tout en frottant le vélo et les sacoches qui sont plein de boue. Pas mal d’enfants jouent dans le quartier et tournent un peu autour de nous. Vers 17h15 en me baladant je trouve un wifi ouvert qui me permet de contacter notre hôte qui me dit arriver du boulot dans 15min.
On rencontre alors rapidement Aida, une jeune de 25 ans qui se débrouille en anglais et qui nous reçoit en tant que warmshowers. Elle nous fait découvrir l’appartement qu’elle partage avec son compagnon, Marless, 32 ans, que nous ne rencontrerons pas aujourd’hui. Certaines choses nous rappellent nos Erasmus… mais en résumé l’endroit est un sacré taudis. Alors qu’on s’installe dans la seule chambre de l’appartement (Aida insiste), notre hôte commence à récurer la salle de bain. Elle appelle ensuite Val pour lui montrer comment faire : il n’y a pas de douche ni de pommeau, mais une baignoire avec un seau pour se jeter de l’eau sur le corps, à l’ancienne. Nous qui espérions une bonne vraie douche après une semaine sans en avoir vu, c’est raté ! Chasse d’eau de la toilette au seau aussi à l’ancienne. Pas de frigo, rien pour cuisiner,… un taudis où les gens ne vivent pas vraiment mais sont plutôt de passage.
Alors que je me lave Val et Aida partent faire quelques courses pour le souper. On passe ensuite la soirée à nous trois et c’est bien agréable. Aida travaille au bazar où elle vend des chapeaux. Son compagnon est tatoueur. Elle bosse 7 jours sur 7 pour gagner 300$ par mois. Comme Daniel nous l’avait expliqué aussi, elle est payée en dollars et doit ensuite les échanger en soms elle-même. Du coup la valeur de leur salaire varie constamment. Rien que pour cet endroit ils paient avec Marless 200$ par mois… Sa famille vit en Russie mais sont de passage à Bishkek pour le moment. Elle dort d’ailleurs chez sa mère aujourd’hui. Et Marless dormira donc sur le canapé. On discute pas mal et c’est vraiment très sympa. Aida nous prépare des feuilles de chou farcies au riz, à la viande et aux légumes. Beaucoup trop bon ! On régale ensuite pour le dessert avec nos succulents cookies.
Vers 22h Aida nous quitte pour rejoindre sa famille et nous laisse ses clés en nous disant qu’on ne la reverra surement pas avant après demain. On s’apprête alors à se coucher seuls dans l’appartement en compagnie des chats de notre hôte, au grand bonheur de madame.
Pif & Val
Pensée positive : Bien arrivés à Bishkek malgré la pluie avec une top pause à midi et la rencontre de chouette hôte le soir!
Pensée négative : On n’est pas difficiles, mais là ce n’est vraiment pas évident. On est logés donc on n’a pas à se plaindre, mais cet appart… pas évident… Et comment oser râler alors que ce jeune couple qui n’a pas facile nous laisse sa chambre de bon cœur pour dormir, elle dormant ailleurs et lui sur le canapé…
Anecdote : Si un jour vous êtes invité à manger chez un particulier, votre hôte pourra facilement vous montrer signe de respect ou d’irrespect en fonction de la partie du mouton qu’il vous offrira ! Si vous recevez la tête, il a tué son dernier mouton pour vous; si vous recevez les abats, il ne vous respecte pas,…