
Vendredi 01 juillet 2016 – J240
20h36,
Sous la tente, quelques dizaines de kilomètres avant Temirtau
Distance parcourue : 121,19km
Vitesse moyenne : 21,78km/h
Vitesse maximum : 38,97km/h
Temps sur le vélo : 05h33min
Dénivelé positif : 367m
Altitude maximum : 633m
Cette nuit, j’ai vomi. Hier vers minuit alors que Val part dormir dans la chambre des filles, je reste encore une heure avec Dastan et son frère à discuter autour d’un thé accompagné de biscuits trempés dans du lait concentré… visiblement pas passés. De plus, le père de Dastan est rentré vers 3h du matin complètement bourré. Pas méchant mais a bien réveillé le salon des garçons.
Réveil à 7h30 ce matin et le ventre va mieux. On déjeune avec Dastan une dernière fois tout en parlant de l’Union Soviétique. Il nous explique que de ce que lui perçoit et entend, les générations de ses parents et grands-parents regrettent cette époque. Il explique qu’à l’école on parle de l’URSS comme de la belle époque. Et même pour lui le capitalisme et la démocratie actuelle ne profitent principalement qu’aux politiques… On se dit au revoir ensuite avec une série de photos. Dastan part travailler à vélo aujourd’hui, car après il part pour une compétition le weekend : 400km en 24h sans dormir. On descend ensuite tous nos affaires dans la rue. Aizhan a du mal à nous voir partir. On a vraiment bien sympathisé en deux jours ! On passe vite à la superette acheter du pain et de l’eau et c’est parti !
On rangera vite Maps.me après que Val m’ait annoncé ‘c’est tout droit pendant 210km…’. On prend donc la M36, unique route qui mène au lac Balkhash 600km plus au sud. C’est une autoroute mais le trafic est plutôt limité, il n’y a vraiment pas grand monde dans ce pays. On fait à peine 15km pour sortir de la ville et on est directement au milieu de nulle part… au cœur de la steppe. C’est plutôt plat et ça trace bien ! On est vite sous le charme des énormes étendues vertes et brunes qui nous entourent. Le vent est en notre faveur. Il fait frais. Et les nuages blancs qui jouent dans le ciel apportent une certaine gaieté à l’atmosphère. On a l’impression d’avoir de la chance parce qu’à chaque fois que l’on se retourne, on voit qu’il fait bien gris derrière nous et qu’il pleut même par endroits… On a bien fait de démarrer d’Astana ! On voit quelques groupes de chevaux mais pas énormément jusqu’à présent. Un petit arrêt dans une station essence pour remplir le réchaud. Le couple est très sympa et monsieur nous remplira la bombonne gratos !
Pause midi sur le trottoir d’une aire de pique-niques sur laquelle il n’y a pas un seul banc… Un bon pain, un excellent saucisson au jambon, et du bon fromage. Un pique-nique à l’ancienne, qu’est-ce que ça fait du bien !
Plus on s’enfonce vers le sud plus les nuages prennent des formes sympas dans le ciel et plus les étendues vertes se marient avec de petites collines brunes au loin. La route est perpétuellement en travaux mais qui ne sont pas dérangeant. Ils passent d’une 2 bandes à une 4 bandes… On se demande vraiment pour qui ils font tout cela… C’est comme, tous les 10km, ils sont en train de construire un pont au dessus de la route… mais on se prend un fou-rire à chaque fois parce que le pont n’est jamais relié à rien. Il va, de chaque côté, s’enfoncer dans les étendues vertes… On découvre aussi des voitures jamais vues, plutôt anciennes, datant de l’aire soviétique.
Une voiture de police s’arrête à notre niveau… deux jeunes policiers sympas nous posent quelques questions, nous souhaitent ‘bon voyage’, puis accélère. 2min plus tard on les revoit passer dans l’autre sens. Puis ils nous dépassent de nouveau. Puis rebelote. On les voit ensuite en action. Ils ont un radar qui flash les voitures dans l’autre sens alors qu’ils roulent. Déclanchement des gyrophares, dérapage contrôlé et hop, on se gare avec le chauffeur en excès de vitesse de l’autre côté de la route. 30min plus tard une autre voiture de police, de nouveau avec deux jeunes policiers, nous croise et fait demi-tour pour nous demander de nous arrêter. On se dit Aie Aïe surtout qu’ils sont moins souriants et qu’on ne comprend rien à ce qu’ils nous disent. L’un me passe alors son téléphone et une dame m’explique en anglais que ses collègues veulent nous proposer de l’eau et de la nourriture. Un peu paranos, on préfère dire non de peur que après ils nous demandent de l’argent. Mais apparemment on ne se comprend vraiment pas bien et, alors que la seconde voiture redébarque, ils repartent tous les 4 en nous faisant des signes comme quoi on se reverra. 20min plus tard on voit en contrebas de la route, à 50m, une maison plutôt délabrée. Devant les 4 policiers qui nous font des grands signes pour qu’on les rejoigne. On hésite puis on se dit que c’est con, et on y va. Nous voilà au resto, à table avec 4 flics qui nous offrent le repas ! On mange des crêpes trop trop bonnes, avec un bon thé. Et on passe un bon moment malgré la communication limitée… Sur le parking, un camionneur super marrant vient poser avec nous pour la photo souvenir. On a sacrément bien fait de s’arrêter !
Vers 17h, on a fait nos 120 bornes, et on descend en contrebas de la route pour s’éloigner un peu et planter la tente dans l’immensité verte qui s’étend à l’horizon. On profite du soleil et du vent frais. C’est juste un pur bonheur d’être là ! Apéro cacahuète puis on se fait un petit plat cambodgien… ben oui il nous reste les aïki achetés au Cambodge et jamais utilisés…
Journée au top,
Pif & Val
Pensée positive : Première journée dans la steppe kazakhe extra!
Pensée négative : La langue… c’est vraiment très très difficile ici. Autant de trouver quelqu’un qui dit 3 mots d’anglais, que d’apprendre à dire ‘bonjour’ et ‘merci’ pour nous.
Anecdote : Dans le quatuor de policiers il y en avait un qui se faisait pas mal rayer par ses collègues. Alors que j’analyse les uniformes et les épaulettes respectives, je me rends compte que c’est le plus haut gradé. Je fais la remarque et les trois autres se marrent en disant que ‘oui, c’est bien lui le shérif’…
Samedi 02 juillet 2016 – J241
20h32,
Près de la tente, au bord de l’eau, quelques kilomètres après Karaganda
Distance parcourue : 116,50km
Vitesse moyenne : 17,03km/h
Vitesse maximum : 46,19km/h
Temps sur le vélo : 06h50min
Dénivelé positif : 540m
Altitude maximum : 695m
On se réveille vers 7h, après avoir été un peu paranos durant la nuit à imaginer des humains et animaux à côté de la tente… On en rigole puis Pif va faire ses besoins. Un Kazakh arrive avec son cheval : visiblement, il attendait qu’on se lève pour faire causette ! Pile au bon moment monsieur… Le gars est sympa mais le dialogue est difficile. Il s’en va et nous poursuivons notre rituel peu entretenu en Asie du Sud-Est ! Rangement de la tente, sacoches, préparation du petit déj’… Et nous voilà parés une bonne heure plus tard ! Le ciel n’est pas très commode et nous sommes donc heureux d’avoir replié la tente au sec !
Les travaux continuent le long de la grand route mais les déviations sont moins confortables : des chemins de terre et quand il se met à pleuvoir, ce n’est vraiment pas marrant ! Toute la matinée, il pleut et le mauvais temps n’offre pas de beaux paysages… Et puis, faut se réhabituer au vent glacial et à la pluie froide ! Après 40 km, on décide de se réchauffer autour d’un bon thé. Le personnel n’est pas très souriant mais pas méchant non plus… Il faut dire que l’accueil était majestueux pour les touristes en Asie du Sud-Est ! Ici, c’est plus froid mais acceptable. Les gens ont l’air plus stricts, moins marrants mais plus civilisés (pas une seule crasse sur les bas-côtés de la route)… Le stéréotype que l’on se fait des Russes. Et pourtant, on a droit à des pouces sur la route et certains viennent nous parler ! Il faut juste s’habituer à ce nouveau genre moins chaleureux que les précédents mais sûrement très intéressant ! On reprend alors la route pendant quelques kilomètres et on s’arrête pour acheter de l’eau… Un bâtiment qui ne paie pas de mine de l’extérieur mais ses bonnes odeurs réveillent nos papilles gustatives ! On essaie les spécialités du ‘comptoir’ et ce sera succulent ! Des crêpes, des ‘mi fromage de chèvre – mi croustillon’ et de gros raviolis farcis, un délice !
On ressort sous une éclaircie et on poursuit cette même route… l’arrière-plan se laisse découvrir petit à petit, ça fait du bien ! Et pourtant, on a toujours le vent de face ce qui nous ralentit considérablement… Je commence à avoir mal à ma cheville gauche, on espère vite arriver à Karaganda ! Pour y arriver, pas mal de faux-plats montants et descendants, ça devient long. Et pourtant, vers 15h, on arrive dans cette ville après avoir vu des sites industriels et des centrales au milieu de nulle part et avoir vu ‘Arcelor Mittal’! On longe également une prison de travail forcé. C’est plutôt impressionnant avec la double clôture barbelée et les miradors avec militaires entre les deux… La ville est fort espacée et on se rend au camping selon Maps.me… qui n’existe pas ! Il fait beau, on veut camper alors on décide de sortir de la ville ! On sait que la prochaine ville est à 375km et on décide donc de faire le plein niveau nourriture et eau… Pif prend son pied dans le supermarché et en ressort après quasi 1 heure ! J’en profite pour frotter un peu Doudou et les sacoches qui n’ont jamais été aussi sales… Et dire que Pif avait tout récuré à Bangkok ! Le ravitaillement est énorme et les sacoches bien remplies… c’est bon, on peut quitter la ville ! Ma cheville est de plus en plus douloureuse et Pif pédale seul les derniers kilomètres. On arrive très vite dans de grands espaces n’attendant que nous… on s’éloigne de la grand route et on trouve un sport plutôt pas mal ! Petit cours d’eau en contrebas avec aire de pique-nique : on pourrait être plus mal ! Le ciel est bien dégagé et on en profite pour se laver à tour de rôle… J’inaugure la bassine de Pif après 2 voyages (proyectoboyz et triproject) ! Pif prend quelques clichés de cet endroit paisible, puis m’aide à me laver les cheveux et baaaaam… l’appareil tombe à l’eau ! Je mousse un peu : autant avec le savon qu’à cause de l’appareil photo… puis Pif s’occupe de sécher comme il peut l’appareil mais le zoom ne se rabat plus... Je profite du bon temps pour faire une micro-lessive, Pif cuisine des pâtes jambon-fromage et on essaie d’oublier cet incident qui nous fait bien enrager…
Le soleil se couche petit à petit, le froid arrive, faut filer dans la tente pour finir cette journée des 9000km!
En espérant que l’appareil fonctionnera à nouveau demain par miracle,
Val & Pif
Pensée positive : Spot pour camper incroyable !
Pensée négative : La chute de l’appareil photo dans l’eau…
Anecdote : Dans les cafés (ou cantines), le personnel passe beaucoup de temps à plier les serviettes !
Dimanche 03 juillet 2016 – J242
19h16,
Dans la tente, sous une tempête, quelques kilomètres après Alcy-Aombi
Distance parcourue : 128,70km
Vitesse moyenne : 17,80km/h
Vitesse maximum : 47,23km/h
Temps sur le vélo : 07h13min
Dénivelé positif : 623m
Altitude maximum : 806m
Plutôt bonne nuit, et on est réveillés à 6h30 du matin par un berger qui passe près de la tente avec son troupeau. On prendra un peu plus de temps pour se préparer que la veille car on a droit à deux petites averses alors qu’on se lève. Le petit-déj est top. Val a une idée terrible pour manger les bananes pas bonnes achetées la veille : on les coupe en petits morceaux et on fait une potée avec la fin du pot de choco! En plus on s’est fait un petit plaisir : on s’est acheté un Yop à la fraise !
Départ vers 8h20. Toute la matinée un ciel menaçant mais pas de goutte. On a tout le temps l’impression de jouer avec la frontière des nuages gris. Cette région est méga impressionnante pour ça. C’est trop cool d’observer le ciel. On a l’impression d’être tout tout proches des nuages, étant constamment à une altitude entre 500 et 800m. Et on les voit arriver au loin et danser dans tous les sens. On arrive à prévoir plusieurs dizaines de minutes à l’avance les draches et les fenêtres météo. Le plus impressionnant c’est quand on voit qu’il drache à quelques kilomètres de nous et qu’on peut observer les éclairs toucher le sol.
On s’éloigne de Karaganda et on dit au revoir à l’autoroute. Maintenant c’est une petite route de ‘campagne’ 2x1 bandes et sans travaux. Le trafic est également beaucoup moins dense, même quasi nul sur certaines portions. C’est bien plus vallonné et on a le plaisir d’observer collines et montagnes de tous côtés, comme les Kyzylarai Mountains. La route est bien souvent toute droite pendant des dizaines de kilomètres et s’est impressionnant de voir le long serpent qui se dessine sur les collines. A un moment on entre dans la steppe profonde. Les câbles électriques disparaissent (on se dit que la prochaine fois qu’on aura de l’électricité cela viendra du sud), et on a droit à des étendues à couper le souffle. On fera une pause biscuits. Des nouveaux au chocolat. Pas mauvais et léger. Et on se fera arrêter par une voiture pour un moment photos.
Vers 12h15 on s’arrête sur une petite aire asphaltée pour manger. Il ne pleut toujours pas. Des bons sandwichs avec saucisson au jambon estilo mortadela et fromage. On tente en dessert les nectarines achetées la veille… toutes jetées dans les champs… décidément les fruits ici c’est pas top.
Vers 15h on commence à revoir quelques hameaux et des câbles électriques venant du sud! On est perturbés par le nombre et la taille des cimetières… On en voit plus que ce qu’on voit de maisons… Lorsqu’on traverse un hameau on a droit à des signes des enfants et des petits vieux. Ca fait plaisir. On s’arrête pour le gouter dans un resto-route local… On commande plein de choses qui s’avèrent de nouveau très bonnes pour trois fois rien. Quand on parle anglais on n’a pas droit à un sourire. Mais dès qu’on essaie de dire ‘merci’ ou un autre mot simple en russe ou kazakh, là on est super sympa avec nous. On profite d’une prise de courant pour réessayer de faire fonctionner l’appareil photos… sans succès. Ca fait vraiment chier. La GoPro ça dépanne mais ça ne rend pas vraiment bien…
On redémarre vers 16h pour tuer encore quelques dizaines de kilomètres. Après 20min une tempête passe au-dessus de nous. Elle durera 30min et nous trempera bien. Mais le pire reste les sauts d’eau qu’on reçoit lorsque les camions nous dépassent… surtout que c’est de l’eau provenant du bitume, donc très sale. On arrive vers 18h à Alcy-Aombi. On s’arrête pour acheter de l’eau et de nouveau une famille vient taper la causette.
On voit une tempête arriver au loin et on a juste le temps de rouler 7km, s’éloigner de la route, monter l’auvent, jeter tout dedans avec nous avec, et le tonnerre gronde sur nos têtes. C’est méga impressionnant. Il pleut comme jamais… on a peur de voir la tente commencer à flotter. Heureusement ça se calmera après une heure…
On a tellement bien mangé au gouter, que ce soir c’est un petit biscuit fromage et une crêpe (reste du gouter) au chocolat. On adore déjà les restos qu’on trouve sur la route (si on peut appeler ça des restos c’est compliqué à décrire). Ils sont fans de tout ce qui est crêpes entre autres.
Une bonne nuit en plus sous la tente,
Pif & Val
Pensée positive : Décors à couper le souffle sans trace humaine, avec de beaux vallons.
Pensée négative : L’appareil photos à bien l’air mort…
Anecdote : Les bâtiments ici ont des murs méga épais. On peut comprendre vu que la température oscille entre -40°C et 40°C.
Lundi 04 juillet 2016 – J243
19h16,
Dans la tente, au milieu de nulle part, à environ 125km de Balkhash
Distance parcourue : 119,61km
Vitesse moyenne : 19,79km/h
Vitesse maximum : 44,86km/h
Temps sur le vélo : 06h02min
Dénivelé positif : 380m
Altitude maximum : 911m
On se réveille après une bonne nuit réparatrice : on sent que nos corps s’affaiblissent, on s’endort en moins d’une page et on ne se réveille pas avant le lever du soleil ! Il fait beau et chaud ce matin ! On déguste nos tartines avec un choco sans intérêt, on attend que la tente sèche et puis on se met en route ! Claude François nous donne la pêche ce matin : on aurait pu débuter avec ‘le lundi au soleil…’ mais ce sera un autre tube ! Le décor reste similaire… grandes plaines vertes entre de petites collines ! Ça a beau être joli, je n’aimerais pas être seule dans cet endroit désertique ! On a droit à pas mal de klaxons et encouragements tout le long de la journée. Sur cette route, il y a 2 villages en 360 km : on a bien fait de faire nos réserves ! Et pourtant, à des endroits insoupçonnés, on trouve des petits cafés ! On croisera plus de barrages de flics que de pompes à essence… Les rapaces sont assez nombreux : parfois dans le ciel à nous guetter mais aussi parfois au bord de la route, morts. On sent qu’on prend un peu d’altitude : nos lèvres gercent !
Pour midi, on fait une pause sandwich avec saucisson de jambon, fromage et carotte au bord de la route ! On a parcouru 60 km, soit, la moitié de notre objectif quotidien kazakh… On n’a pas le choix au vu de la distance qui nous sépare encore de la frontière kirghiz. On rythme nos journées différemment : on profite des étendues mais moins des rencontres bien que certaines soient surprenantes et on profite surtout du coucher de soleil tardif pour notre descente folle vers le Kirghizstan ! On coupe l’après-midi en 2 et on essaie de s’arrêter à un café quand on en a la possibilité pour un petit goûter (bien souvent des crêpes). Bien souvent, ça tombe à pic et ça nous rebooste !
Pour cet aprem, c’est encore concluant : on s’arrête au km93 dans la seconde bourgade de cette route… Des crêpes au programme et des litres d’eau ! On a chaud et on a donc très soif ! Ce qui est dingue, c’est que l’eau pétillante coute moins chère que l’eau plate… on peut donc se faire plaisir sur l’eau pétillante ! Un jeune Kazakh nous fait la conversation dans le café en anglais : il parle super bien et nous donne de bons conseils ! On sort du café avec une réserve de pains (probablement fourrés) et des crêpes pour le petit-déjeuner.
Il reste 30 km avant d’atteindre notre objectif ! La route est plus bancale aujourd’hui et ça me donne mal au dos, ma cheville aimerait bien vite s’arrêter mais… faut tracer ! On atteint alors les 120 km (enfin quasi) péniblement. On s’apprivoise l’arrière d’une bute pour le reste de la journée et la nuit et on prépare nos lits douillets. Au menu ce soir : pâtes avec sauce potiron-carotte et saucisson de jambon et fromage. On pourrait être plus mal mais cette course contre la montre commence à m’agacer, j’aimerais avoir un répit….
Il n’est pas bien tard (19h31) mais la fatigue pointe le bout de son nez,
Val & Pif
Pensée positive : On avance…
Pensée négative : C’est au tour du compteur de nous annoncer ‘batterie faible’.
Anecdote : Les véhicules plus importants, comme les camions, les vans, les bus, ont sur l’arrière du véhicule, un énorme tag reproduisant leur plaque d’immatriculation.
Mardi 05 juillet 2016 – J244
22h09,
Hôtel Alpina, Balkhash
Distance parcourue : 134,22km
Vitesse moyenne : 20,15km/h
Vitesse maximum : 40,69km/h
Temps sur le vélo : 06h39min
Dénivelé positif : 293m
Altitude maximum : 700m
De nouveau un ciel bleu nous attend au réveil. Enfin sur 360°, 300 sont bleu et 60 abritent une tempête… Le vent de la nuit fait que la tente est bien sèche à l’extérieur comme à l’intérieur. Du coup on passe vite au déjeuner. On étale notre choco sur les crêpes achetées la veille, on les roule… un délice !
On démarre à 8h20 et en musique ! Ce matin c’est affreusement plat… On ne monte pas, on ne voit aucune montagne… Et on a surtout droit à des faux-plats légèrement descendants. Après les troupeaux de vaches, de moutons et chèvres, et surtout de chevaux, on croise un groupe de chameaux ! Et bien ces bêtes sont vraiment moches… surtout quand leurs bosses balancent dans tous les sens alors qu’ils courent pour s’éloigner de la route. A un moment une voiture s’arrête. L’homme nous tend alors deux bouteilles. Un jus de pèches et un nestea. Super sympa, il nous explique qu’il habite Balkhash mais qu’il vient d’Astana parce que son bouc est malade (tout cela en langue des signes évidemment). On regarde alors dans sa petite Peugeot… et on voit un gros bouc assis sur la banquette arrière… voilà voilà… On en profite pour faire notre pause biscuits.
Midi… Les 300° et les 60° se sont inversés. On s’arrête sur un gros bas-côté de la route face à des montagnes qui sont dans la tempête. Deux hommes picorent et boivent le thé sur la carrosserie de leur voiture. On est à peine arrêtés qu’ils nous offrent deux tasses et plein de fruits secs. On reste avec eux pour manger notre pique-nique, cacahuètes et pains fourrés au chou et aux oignons. Le plus jeune nous fait comprendre qu’il est là pour faire de la montagne et qu’il revient d’avoir été grimper celle qui est dans les nuages maintenant… Ils démarrent alors qu’on arrive à la digestion. Un camion s’arrête alors à 50m de nous et l’homme nous crie ‘hello my friends’ avant de disparaitre derrière son véhicule. Dix minutes plus tard, je vais le trouver avec une bouteille vide pour lui demander de l’eau. Mon contenant est bien vite rempli, et je suis bien vite assis sur une caisse pour découvrir cet homme, apparemment turc, qui s’apprête à manger du mouton et du riz, et qui veut absolument partager son repas avec nous… Il me dit d’aller chercher ma femme… De retour au vélo, on est face à un dilemme. D’un côté on a déjà mangé, et surtout on a envie de redémarrer vu la tempête qui arrive. D’un autre on a toujours peur de passer à côté d’une super rencontre dans ce genre de cas… On vote pour la première option, en vexant nous croyons bien un petit peu notre ami turc, et on redémarre… erreur!
La danse des nuages est incompréhensible. On est rapidement pris en tenaille par deux tempêtes qui se transforme en un couloir de la mort. Les éclairs tombent assez proche, ça gronde à faire rebondir l’estomac… et surtout ça drache au point de transformer la route en ruisseau… On est autant trempés par la pluie que par les véhicules qui nous croisent dans les deux sens. De plus l’aprem est bien plus vallonnée que la matinée. Et cette tempête nous suivra pendant deux bonnes heures. Quand on regarde derrière nous du côté où on a mangé… il a l’air de faire beau… Heureusement ça s’arrêtera 30min avant notre arrivée à destination. Et avec le vent, on aura déjà bien séché.
Balkhash… on y est arrivés après 5 jours de steppe ! Ville au bord du lac du même nom. On trouve vite un logement. Ce n’est pas donné mais l’accueil est sympa et marrant, avec zéro anglais bien entendu. Et on va pouvoir se laver, faire une lessive et surtout recharger tout ce qui est électronique. La chambre est top, donc ça va. Après avoir fait tout cela on décide de sortir. Et après 2h sur le radiateur… l’appareil photos fonctionne !!! C’est beaucoup trop cool ! On se ballade dans les rues de cette petite ville. C’est con mais ça fait du bien de marcher sur des trottoirs après 5 jours de steppe. On va vers le lac pour l’admirer malgré le ciel gris. C’est quand même notre récompense après ces 620km d’étendues vertes sans rien aux alentours. On se rend compte aussi que le soleil nous a fait bien mal et qu’on a bien bronzé/rougi. L’ambiance est particulière. Les bâtiments sont plutôt délabrés. On a l’impression qu’ils ne rénovent que les rez-de-chaussée et les sas d’entrée lorsqu’il y a un commerce ‘de luxe’ qui s’y trouve. Pas mal de monuments à l’effigie de l’armée. Et pas de supermarché. Ici il faut deviner les petits commerces derrière les façades. Les stores sont baissés, parfois même les volets baissés. Il faut pousser la porte pour découvrir une superette, une pharmacie, un bar, … Soit au rez soit au sous-sol même des fois.
On tourne beaucoup pour finalement, vers 20h, pénétrer dans une cour intérieure avec des tables sous préaux et une yourte au centre. Juste une soirée extra ! Les extra-terrestres débarquent… Plein de jeunes filles travaillent là comme serveuses. Un jeune homme s’occupe de la ‘sécurité’. Ils deviennent juste dingues du fait que des Européens soient là. En gros on ne sera jamais moins de 5 à table. Ils nous posent dix milles questions via leur traducteur google et notre Gépalemo. On leur montre nos vidéos via leurs téléphones sur youtube, et on se prend énormément de fou-rires. Ils nous aident à commander (et on croit bien qu’ils nous ont fait une sacrée ristourne…). On s’attend à avoir un morceau de poulet et une petite salade… Nous voilà avec deux épées énormes de poulet rôti et deux magnifiques assiettes de légumes avec vinaigrette trop bonne! Par contre ici on paie à la commande, donc pas de stress pendant la dégustation. C’est un délice, et le jeune staff est vraiment trop cool. On est également sous le charme des enfants qui jouent dans la cour pendant que leurs parents mangent autour de nous. Le staff insiste pour qu’on revienne demain… on verra notre programme…
Sur le retour on s’arrête à une superette où on achètera la nourriture pour la suite de l’aventure, et des biscuits de dessert qu’on savourera dans notre chambre. Il n’y a pas à dire pour le moment les Kazakhs sont numéro 1 en biscuits ! C’est juste une tuerie à chaque ‘dix heure’ ou gouter. La dame qui tient la caisse déclenche un fou-rire. Alors qu’elle doit scanner le saucisson qu’on compte acheter, elle fait la grimace en nous faisant comprendre qu’il n’est pas bon. Nous avons en effet pris le moins cher du comptoir… Elle nous convaincra et on ira le remettre pour prendre le deuxième moins cher… celui-là elle a bien voulu nous le scanner avec un sourire.
Une bonne nuit sous un toit,
Pif & Val
Pensée positive : On l’a fait, 620km de steppe kazakhe pour arriver au lac Balkhash ! Découverte de cette ville bien méritée.
Pensée négative : La tempête de l’aprem, avec un vent juste incompréhensible…
Anecdote : A l’hôtel, on nous explique qu’avec la chambre, on a droit à un déjeuner gratuit… Vu qu’on est deux, si la deuxième personne veut manger, elle devra payer. Donc ici c’est un déjeuner par chambre payée… A voir si demain matin on peut se la jouer tupperwares pour celui qui reste caché dans la chambre…