
Mardi 24 mai 2016 – J202
25/05, 21h50,
Okinawa GuestHouse 2, Yangoon
Journée de merde, journée pourrie, …
Il pleut, il pleut toute la journée (sauf le soir lorsqu’on ira chacun faire un tour de notre côté).
Le matin on va déjeuner à 7h à la guesthouse n°1 qui est dans la même rue. Il n’y a que des enfants qui s’occupent de ces auberges c’est trop bizarre. Ils sont gauches, mais bien sympa. Pour manger il n’y a pas vraiment d’espace, juste un banc à côté de la réception. Le déjeuner est copieux et bon, mais ne passera pas, pour aucun des deux… Je serai personnellement relié aux toilettes pour la suite de la journée.
On cherche pendant une heure un magasin pour faire des photos d’identité car il faut un format spécial pour le visa indien. On en trouve finalement un au coin de notre rue après avoir tourné longtemps. On nous prend en photo au fond du magasin, on nous photoshop’ pendant 30min pour nous mettre sur un fond blanc (au lieu de mettre une toile blanche contre le mur du fond de la pièce), mais le résultat est top. On arrive à l’ambassade indienne. Comme c’était prévu ils n’ont aucune info concernant la date de réouverture de la frontière (la décision doit normalement tomber vendredi), et en plus on est recalés car une case est male remplie dans le formulaire… il faut revenir demain matin…
Dégoutés, perdus, on traverse la rue sous la drache pour se réfugier dans un salon de café qui fait pas mal de sucrés pas trop mauvais. On craque pour se consoler. Rentrer en Inde n’est toujours pas un objectif perdu, mais l’envie n’y est plus pour l’entièreté du couple. On commence alors à imaginer le plan B. Ca foutra en l’air les prochaines 36h. L’idée première : Relier Yangoon – Astana (Kazakhstan) en avion. Premier hic : pas moyen d’avoir internet dans cette ville. C’est à se tirer une balle.
On se prendra la tête jusqu’à s’endormir. Je ne supporte personnellement pas le fait d’abandonner le rêve d’aller en Inde, au Népal et en Chine alors que ce n’est pas encore officiel que c’est complètement impossible pour nous. De plus être bloqués dans cette ville avec le vélo, qu’il faudrait mettre dans un avion sans emballage,… Je n’arrive pas à rester calme et à me plonger dans le plan B en abandonnant le plan initial.
On ira dormir énervés, et sans avoir avancé. Juste réussi à envoyer UN mail à Oncle Norbert pour lui demander conseils et communiquer avec Emi via WhatsApp qui nous a juste trop gentiment aidé dans nos recherches à distance…
Pif & Val
Pensée positive : 72 photos d’identité pour 9€, dans les trois formats possibles… on n’aura plus de souci avant longtemps.
Pensée négative : L’objectif TriProject, de relier l’Asie du sud-est et l’Europe par le sud de l’Eurasie tombe tout doucement à l’eau.
Anecdote : Dans cette ville, que des voitures et des vélos… il n’y a pas un seul scooter !
Mercredi 25 mai 2016 – J203
22h17,
Okinawa GuestHouse 2, Yangoon
Aujourd’hui, c’est reparti pour les démarches de notre plan B… On déjeune à l’auberge n°1, toujours avec des gosses partout et on tente désespérément de se connecter à internet, pas moyen. Sérieux, c’est dingue comme on en est indépendants à l’heure actuelle ! Du coup, on tournera pendant plus d’une heure pour trouver un cybercafé… tout est fermé, ce ne sont pas des lève-tôt visiblement ! On en trouve un mais qui est bien entendu, fermé. On nous dit que ça ouvre à 9h : on attend. Puis à 9h15, on nous renseigne 10h. On rentre à l’auberge en attendant. 10h, miracle, c’est enfin ouvert ! Pif branche notre ordinateur sur le câble de réseau, ça ne marche pas. Moi, le pc du cyber ouvre une page google enfin après 10 minutes ! On fait quelques recherches mais rien de fructueux. Cet internet nous rend dingue et on fait comme les voyageurs faisaient dans le temps : se renseigner auprès des agences de voyages. Toutes disent la même chose, prendre un vol jusque Bangkok puis prendre un second avec une autre compagnie : bref, pas top pour le vélo ! On aimerait cependant avoir des renseignements sur la compagnie ‘southern china airlines’ au niveau des équipements sportifs (vu qu’on serait hors-normes par rapport à leur site), donc on va jusqu’à l’aéroport. Erreur. 40 km aller-retour et 2 heures coincés dans un taxi dans les bouchons pour rien ! De fait, pour pouvoir parler à la compagnie, il faut faire le check in ! Aucun bureau de renseignements sur les compagnies est présent avant l’étape du check-in ! On ressort de là, bredouille, avec leur numéro de téléphone mais aussi avec une réponse : pour prendre l’avion avec le vélo, ce ne sera pas d’ici mais de… Bangkok, petit retour en arrière?
Pour anecdote, sur le chemin de l’aéroport, on est passé à coté du Inya Lake et de la rue où a vécu et a été enfermée, chez elle, Aung San Suu Kyi. Ce quartier est très moderne et ce n’est pas du tout l’image que l’on s’en faisait après avoir vu le film ‘The Lady’ (un chef d’œuvre à voir absolument).
14h30, on est de retour dans notre quartier et on a faim… on tourne pour finalement trouver un… Indien ! Le comble… En plus, c’était trop bon mais pas très digeste. On en arrive à la conclusion suivante : profitons du Myanmar puis on sortira par la Thaïlande où nous serons mieux encadré pour sortie de l’Asie du Sud-Est !
Nous voilà alors embarqué dans un taxi avec Manu et Lionel, 2 backpackers de Monaco dormant à notre auberge, pour la Shwedagon Paya ! Gratuit pour les locaux, 8000 Kyats pour les touristes. J’en arrive à la conclusion suivante, pour eux c’est un lieu de culte et c’est normal que ce soit gratuit, pour nous, c’est une attraction touristique ! Des guides veulent nous vendre leur savoir, des ATM (distributeurs d’argent) sont à nouveau présents sur le site et des lumières kitchs sont là pour éclairer l’auréole des Bouddhas… ça enlève un peu de son authenticité. Manu nous raconte l’anecdote suivante : en 2010, 100 000 touristes au Myanmar et en 2014, 5 000 000 de touristes ! Mais à coté de cela, le site est très bien conservé, les monuments sont impressionnants et les Bouddhas ont de grands lobes d’oreilles dans ce pays ! Au centre, se dresse une grande… Très grande stupa ! Sérieux, elle est impressionnante ! Elle est visible d’un peu partout depuis Yangoon, on l’a déjà vue un nombre incalculable de fois en images et vidéos mais elle reste… Incroyable. Cette stupa est sur une base octogonale et entourée de 64 autre petites stupas. Ses 1065 clochettes retentissent et donne un coté mystique à cet endroit. Il ne pleut pas et le ciel commence un peu à se dégager ce qui laisse sa quantité gigantesque de feuilles d’or et de diamants se refléter. Fascinant ce lieu de culte mais aussi affolant d’en voir sa richesse à coté de son peuple assez pauvre. Sans le savoir, Manu et Lionel nous changent les idées de ces jours plus ‘noirs’ de notre voyage… Ils sont drôles et on passe un chouette moment avec eux !
Le soir, on part souper et on rentre dans un petit restaurant qu’on pensait être birman… et bien, ce sera à nouveau de l’indien ! Je me contente du riz avec un peu de légumes et Pif se fait une joie de goûter 2 plats. C’est à volonté, c’est bon et ça ne coute rien, de quoi rendre un homme heureux !
Retour à l’auberge en passant par la ‘Sule Pagoda’. Une pagoda de plus de 2000 ans dressée au milieu d’un rond-point. La nuit, c’est magnifique ! En plus, ce rond-point est éclectique : d’un coté, une mosquée, et de l’autre coté de ce monument bouddhiste, une église catholique !
Petits friends, puis au dodo bien qu’on ne soit pas encore sur la même longueur d’onde pour la suite de notre Aventure,
Val & Pif
Pensée positive : visite culturelle impressionnante.
Pensée négative : Internet. Même en Equateur, il y a 10 ans, ça allait mieux !
Anecdote : Dans les 2 cantines faites, ils mangent tous avec les doigts. Du coup, ils ont du curry jusqu’aux coudes !

Jeudi 26 mai 2016 – J204
27/05, 06h36,
Okinawa GuestHouse 2, Yangoon
Je me lève de bonne heure pour travailler un peu sur Doudou qui est méga encrassé avec les dernières pluies, et j’en profite pour mettre une nouvelle chaine à l’arrière (encore). Val se lève vers 8h30 et on part déjeuner. Après une petite averse, un ciel bleu arrive et on en profite pour explorer un peu plus la ville. Première étape, la gare des trains…
Vu la taille du pays et la petite durée du visa, il va falloir un peu jouer avec les transports en commun. On aimerait relier Yangoon et Bagan en train, soit 630km de trajet. La gare de Yangoon… on fait un saut dans les années 1930 ! Vieux bâtiments délabrés. Il n’y a strictement rien d’électronique, rien n’est informatisé. On arrive aux premiers guichets. Les hommes sont sympas mais l’échange n’est pas évident. Le train est demain à 16h, et il y en a pour 16h de trajet ! Le guichet est vraiment à l’ancienne. Quelques informations à moitié effacées sur une ardoise. Et nos billets sont faits à la main. Arrive alors le moment de montrer une photo de Doudou et d’expliquer qu’on aimerait bien le mettre dans le train… Le cirque commence.
On passera 1h30 à être envoyés dans tous les coins de la gare. C’est incroyable. Il y a au moins 30 petits bureaux, avec à chaque fois une ou plusieurs personnes dedans, assis derrière une table et un genre de registre. Aucune idée de à quoi ils servent. Mais à chaque fois, on nous envoie au bureau d’à côté ou à celui à l’autre bout de la gare. On fera plusieurs aller-retour rigolant de la situation pour enfin s’énerver au ‘comptoir des marchandises’. Un homme, qui essayait de nous refourguer à un autre bureau, capitule et nous dit d’être là le lendemain à 14h avec le vélo et de venir le trouver au même endroit… On verra ce que ça donnera, mais en tout cas pas moyen d’acheter un ticket pour le vélo aujourd’hui. En tout cas on se rend compte que l’ensemble des étrangers prennent les bus de luxe touristiques, et qu’il n’y a pas grand monde qui passe par le quartier de la gare…
On se dirige ensuite vers deux marchés au milieu du bordel qu’est Yangoon. Ils ne nous vendront pas beaucoup de rêve… mais bon on se ballade au milieu des échoppes et ce n’est pas désagréable. Au milieu d’un des dames proposent des jus de fruits, dont de l’avocat. On essaie un jus d’avocat et un jus de mangue. Ils ne font vraiment pas d’effort. Il est vrai qu’on n’a pas encore vu un mixeur depuis qu’on est au Myanmar… Donc on a droit à un grand verre de lait concentré, avec des glaçons de dedans et les fruits coupés en morceaux dans le lait. Évidemment pas mauvais, mais ça fait pas rêver non plus.
Vers 13h on se dirige vers le même resto que la veille au soir pour diner, et on reprend la même chose tellement on a trouvé ça bon! On rentre alors pour une petite sieste qui s’impose vu la pluie qui arrive avec les gros nuages recouvrant le ciel clément qui nous a accompagnés tout le long de la matinée.
Vers 16h, on ressort pour aller explorer une autre partie de la ville, et profiter des vieux et impressionnants bâtiments de celle-ci. On fait un tour d’une heure avant que le ciel s’assombrisse de nouveau. On se réfugie dans le salon de thé – boulangerie en face de l’ambassade de l’Inde pour goûter alors qu’il commence vraiment à pleuvoir des cordes. Ca ne se calmera pas et on rentrera à l’auberge trempés!
La nouvelle tombe, la frontière avec l’Inde est réouverte et il y a moyen de recevoir le permis à temps! On part donc dans une heure de discussion. On est toujours pas d’accord, et on sera toujours perdus vers 20h, alors qu’on retrouve Lionel et Manu, les deux amis de Monaco avec qui on ira souper (de nouveau dans le même endroit) et on refera le monde jusqu’au moment d’aller dormir.
Pif & Val
Pensée positive : On a profité de la ville la journée sans se prendre la tête.
Pensée négative : On est toujours perdus par rapport à la suite… Nos envies ne se rejoignent pas…
Anecdote : Alors qu’on refait le monde dans le patio de l’auberge, on a le plaisir d’observer un énorme rat qui vient faire son petit tour du soir… pas très appétissant…

Vendredi 27 mai 2016 – J205
28/05, 20h37,
Pyinsa Rupa GuestHouse, Nyaung U (région de Bagan)
Dernier réveil à Yangoon… l’heure est à la décision pour la suite de l’Aventure. On argumente notre façon de penser. Pif aimerait poursuivre par l’Inde, le Népal, à nouveau l’Inde puis le Pakistan, la Chine… Ses arguments sont les suivants : poursuite de notre itinéraire prévu, tracé logique, découverte du nord de l’Inde et traversée de l’Himalaya ! De mon côté, l’Inde ne m’a jamais attirée… Si j’y allais, c’était pour faire plaisir à Pif, pas vraiment pour moi. Mais la frontière qui s’était fermée était devenu comme un ‘signe du destin’ ! Le Myanmar, c’est beau mais niveau hygiène, peut mieux faire. Je n’ose pas imaginer l’état de mes intestins après l’Inde. Moins d’intimité, plus de crasses… Puis les moussons sont terrifiantes ici, alors quid de la région où il pleut le plus au monde (le nord de l’Inde) ? Et le trafic est vraiment peu à mon goût ici mais, l’Inde, c’est bien pire parait-il. Le Népal nous fait rêver, mais on pourra encore y trekker plus tard (à une meilleure saison). Le Pakistan me rebute clairement. Pour ces diverses raisons, l’Inde est redevenu un blocage. Tout aurait peut-être pris une autre tournure si cette frontière n’avait pas fermé, je l’accorde. Il n’y aurait pas eu toute cette remise en question. Mais le fait est là… 2 options s’offrent à nous : ou on poursuit notre Aventure à deux, en prenant un avion depuis Bangkok vers le Kazakhstan, soit on se sépare le temps que Pif fasse cette traversée… On partira, de commun accord, pour la première option.
Petit-déjeuner avec des patates frites (ils font tout frire ici… du gras, du gras, et du gras), puis Pif récupère l’argent à l’agence de voyage qui avait mis notre demande de permis pour traverser la frontière indienne en suspens. On profite du confort air-co avec des épisodes de friends, on remballe nos sacoches puis on est parés à sortir ! Il drache… On se précipite alors en compagnie de Manu, Lionel et Pierre dans la cantine d’à coté. Simple et efficace, puis chouettes conversations ! Pierre est un backpacker français qui voyage à travers le monde et qui a survécu au tremblement de terre au Népal. Il y a travaillé comme architecte pendant 8 mois suite à cet incident. Ces récits sont touchants et le pays nous fait toujours rêver malgré son récent séisme… On ne le laisse pas tomber, c’est sûr, on ira au Népal une fois dans notre vie !
Miracle, la pluie a cessé, on peut se rendre à la gare au sec pour découvrir à fond les moindres recoins de ce pays ! On y arrive à 14h comme prévu mais Doudou semble avoir un problème technique à l’arrière : au niveau du Rolhoff ? Du coup, ce n’est pas plus mal qu’on repasse par Bangkok… A la gare, on est très vite pris en charge mais on est pris aussi pour le portefeuille ambulant. On n’aime pas ça. 15h30, le train est là et ils nous font poireauter en derniers comme on n’est pas rentrés dans leurs jeux ‘money, money’ pour avoir déplacé le vélo de 5 mètres. Merci mais, on sait le faire !
16h, le train démarre… le sol est en parquet de bois et on est assis sur des banquettes bien dures. Tout semble dater de quelques décennies à part les ports USB pour recharger les smartphones ! Dur dur de se dire qu’on va être assis là-dessus durant 16 heures ! Les fenêtres et portes sont toutes ouvertes, c’est rafraichissant mais peu relaxant. Dès les premiers kilomètres, on comprend que ça ne va pas être une partie de plaisir… ça bouge dans tous les sens ! Nos fesses se décollent sans cesse de la banquette ! Devant nous, une maman birmane avec ces 2 gosses, ils sont trop choux et s’amusent comme sur une attraction. Nous, on est vite nauséeux, sérieux, c’est du jamais vu ! On est secoués dans tous les sens et on profite des scènes de vie que nous offre le train. Pas mal de maisons en pailles sont présentes le long du chemin de fer mais ce qui nous a impressionnés, malheureusement, c’est la quantité impressionnante d’immondices. Les gosses et la mère jettent leurs crasses par la fenêtre sans aucune gêne, c’est un réflexe. On a envie de s’énerver sur eux mais c’est ainsi ici… A chacun sa façon de polluer : nous, c’est l’obsolescence programmée etc ! Je montre cependant un regard noir quand je reçois le fond de la cannette que la petite jette par la fenêtre dans la figure.
18h, un bruit étrange se passe et on ralentit jusqu’à être à l’arrêt total. A l’extérieur, tout un ensemble de villageois part d’un fou-rire général… Incroyable mais vrai… la locomotive a ‘laché’ ses wagons ! Étant dans le 1er wagon, avec les portes ouvertes, on aperçoit de fait la locomotive qui poursuit son chemin sans nous ! Du coup, c’est la cohue, les villages d’à-côté viennent voir le spectacle. Mais au fond, on se demande ce qu’ils regardent vraiment : Pif, le blanc qui est descendu du train ou la locomotive (de retour) qui tente de tracter tous ces wagons? Une petite heure s’écoule avant de repartir, sains et saufs. La nuit tombe, les marchands déambulent avec des tas de choses sur leurs têtes et sautent du train en marche. Les bestioles pointent leur nez… Bref, la nuit va être courte ! En agrandissant la typographie de nos liseuses respectives, on essaie tant bien que mal de lire. Pas facile de s’occuper dans ce train, pas facile d’y dormir non plus !
Et pourtant, vers minuit, je m’endors un peu… Pif, lui, n’a pas encore fermé l’œil !
Val & Pif
Pensée positive : La décision est prise, l’Aventure peut poursuivre !
Pensée négative : Doudou aurait un problème assez grave à l’arrière…
Anecdote : Dans les cantines, les birmans appellent les serveurs en faisant comme des ‘bisous’… Pour nous, c’est comme siffler une fille dans la rue, ça ne se fait pas. Ici, c’est juste une manière d’appeler, ce n’est pas un signe irrespectueux. Ils font même cela entre mecs !





