
Dimanche 22 mai 2016 – J200
20h17,
Emperor Motel, Bago (Pegu)
Distance parcourue : 95,42km
Vitesse moyenne : 17,59km/h
Vitesse maximum : 43,15km/h
Temps sur le vélo : 05h25min
Dénivelé positif : 201m
Altitude maximum : 159m
6h, on se réveille tous les deux après une nuit plutôt réparatrice. Il a draché malgré tout jusqu’à l’aube. Une fois les sacoches faites, on descend prendre le petit déjeuner. On tombe alors sur le carnage du couloir. En effet, hier soir, des centaines de grosses bestioles, entre la guêpe et la mouche, volaient à l’intérieur du bâtiment alors qu’il tombait des cordes dehors. Ce matin, la plupart d’entre elles sont mortes ou en train d’agoniser sur le sol… étrange. Le petit déj est au top : du riz avec par au-dessus, un œuf sur le plat frit. Je ne sais pas pourquoi, j’ai bu un café avec du lait en poudre. C’est pas bon, j’aime pas le café. Alors qu’on mange, une explosion dans la cuisine… les deux jeunes filles et le jeune homme sortent en courant… ça fait peur…
On essaie de faire une photo de l’ensemble de la jeune équipe super chouette qui tient l’établissement… on arrive à en avoir deux, c’est déjà ça. Alors qu’on démarre vers 7h, madame prête à affronter toutes les tempêtes, il s’arrête de pleuvoir. On commence alors à rouler sur une route très vallonnée pour sortir de la province de Karsen. Dans cette province où les troubles politiques et armés persistent toujours donc, on n’aura presque pas vu le drapeau national, mais énormément le drapeau provincial qu’ils exposent tous fièrement sur maison, cabane, camion, voiture, … On traverse quelques villages entre deux bosses. On peut observer les nombreux moines (jeunes et vieux) qui se baladent pieds nus pour les offrandes. Beaucoup ont, comme l’ensemble des locaux, leur boite à tartines. Ici, des récipients cylindriques et métalliques empilés. Un compartiment pour le riz, l’autre pour la viande, encore un autre pour un légume, un autre pour le potage, … avec la petite cuillère au sommet. Tout cela leur permet de manger chaud, du moins tiède, pendant longtemps…!?
Au dessus d’une bosse, on voit une masse grise arriver droit sur nous telle une vague. A peine le temps de ranger l’appareil photo qu’on prend une douche bien bien froide. Elle durera une vingtaine de minutes, mais assez pour inonder l’ensemble du secteur. Mais ça passe vite et on aura droit pour la suite à quelques averses anodines, malgré le ciel qui reste fort menaçant. On arrive alors dans les plaines agricoles, déjà bien vertes ici. Une longe ligne droite un peu monotone nous attend pour la seconde partie de l’étape du jour. Heureusement, on ne la voit pas trop passer grâce aux nombreuses scènes de vie dont on est témoins toutes les deux minutes. Ce pays est vraiment magique! Les champs, à perte de vue, abritent les cabanes-pilotis des paysans. Ces dernières sont vraiment, vraiment rustiques. Énormément de bœufs et vaches avec leur grosse bosse sur le dos, énormément d’enfants travaillant ou jouant dans la boue et courant après nous à notre passage. Quelques motos qui s’arrêtent pour nous prendre en photos (un petit gars ira jusqu’à nous dépasser et s’arrêter 3 fois pour mitrailler Doudou!). Malgré le trafic, on remarque également que le vélo est fort présent comme outil de travail, transport, déplacement, … Les camionnettes-taxis elles sont toujours autant remplies… il en sort de partout !
12h30, arrêt dans un resto-cantine le long de la route. Une dame et une jeune fille avec un sourire et un accueil chaleureux. Comme d’hab, une vitrine avec des plats en inox et dedans, viandes, poissons et légumes qui baignent dans l’huile et qui attendent le client à l’air libre depuis peut-être bien 48h… Les choix sont faits, on s’installe, et le tout nous est donc apporté sur des petites assiettes, dans lesquelles on se sert pour customiser notre riz blanc à volonté. Et bien, un délice ! Number one pour le moment ! Les dames nous offrirons même une bonne mangue (orange vif ici) pour le dessert. Pendant le repas, trois jeunes hommes débarquent. Ils sont fascinés par Doudou. J’irai donc faire un petit tour avec l’un d’eux pour la digestion. Et quand il faut pédaler à la place de Val avec un longyi (et surement rien en dessous), ça par évidemment en fou-rire !
On redémarre pour arriver 20km plus loin à notre objectif, Bago. Première ‘grosse’ ville birmane traversée. On ressent beaucoup plus le fait dans ce pays qu’ils vivent les uns sur les autres. La rue, c’est juste un bordel pas possible. Mais bon, c’est un beau bordel, c’est joli, bref c’est difficile à expliquer, faut le vivre. Ca fait énormément de bruit, c’est extrêmement sale, ça pue, c’est gris, mais c’est beau. C’est un beau bordel donc. Étude de marché vite faite, on dormira dans l’Emperor. La dame et l’homme qui tiennent le bazar sont adorables, et nous font un prix ‘cyclistes’… La chambre est correcte… L’homme a du mal. Il veut nous vendre ses services et conseils pour découvrir les attractions touristiques de la ville (temples, stupas, bouddhas, … tout payant). On a beau lui expliquer qu’on n’est pas intéressés, que nous on préfère flâner à pieds dans les rues et découvrir la ville et son ambiance auprès des locaux, il ne conçoit pas. Ce n’est pas possible que des touristes se tapent jusqu’ici pour ne pas voir les trucs touristiques… On fait le point sur nous-mêmes ensuite… on comprend le gars. Le vélo, ça change vraiment la façon de découvrir et vivre les choses. C’est normal qu’à ses yeux on ait un problème…!
Après une sockète d’une heure, on monte sur le toit de l’hôtel pour découvrir les toits de la ville. C’est magnifique. De la canopée verdoyante s’élancent des dizaines de stupas dorées… les couleurs de ce pays, impossible de ne pas tomber amoureux. A côté de l’hôtel, une belle mosquée. La prière retentit des haut-parleurs à 17h… on ne se réjouit pas d’être à 5h du mat… On sort ensuite se balader (dans le beau bordel) et on va découvrir un ‘shopping center’ repéré à l’arrivée. Malgré le fait que ce soit une petite minorité, on rencontre quand même ici des jeunes habillés un peu plus à la mode occidentale. Au rez-de-chaussée du mall, un supermarché. Et là les extra-terrestres débarquent… On se demande si ils ont déjà vu des occidentaux rentrer ici… Alors qu’on trouve notre bonheur en petit-déjs, biscuits, … On a 4 personnes du personnel qui nous suivent pour voir si on a besoin de rien… et l’ensemble des gens nous observent, c’est plutôt amusant. Depuis 5 jours, soit il n’y a pas d’électricité du tout, soit il y en a, mais elle saute toutes les 5min. Même ici dans une ville plus importante. Sur nos 20min de supermarché, on se retrouvera 2 fois dans le noir. Mais les gens ont l’habitude, et continuent leurs courses normalement. On n’a pas vu par contre comment les caissières gèrent le problème…
On ressort de là et on se dirige vers un resto où on mangera des plats de nouilles très grasses et très bonnes. Ici dans tous les restos, cantines, buibuis, des briquets attachés à une cordelette pendent un peu partout depuis le plafond. Les fumeurs n’ont qu’à attraper l’affaire et se l’allumer bien fait. On a même vu des serveurs prendre la cigarette de la main du client, et lui allumer avec le briquet qui pend au milieu de l’allée entre les tables, avant de lui mettre en bouche. Ca c’est du service!
On rentre ensuite profiter de nos toilettes turques et de notre airco qui fonctionne à l’aide d’un moteur de tondeuse.
Qu’on est bien au Myanmar !
Pif & Val
Pensée positive : Des scènes de vie incroyables dans tous les sens. On est plongés au cœur d’un autre monde !
Pensée négative : La longue ligne droite de fin de matinée et début d’aprem était trop longue… et trop droite.
Anecdote : Trop spécial. Ici on a l’impression qu’il n’y a qu’une seule race de chiens. Hormis la couleur du pelage, ils sont tous pareils de chez pareils. Identiques. Et qu’est-ce qu’ils sont peureux. Pas un n’aboie. Ils fuient quand on passe. Au pire nous regardent bizarrement. Enfin, ce n’est pas pour nous déplaire…
Lundi 23 mai 2016 – J201
24/05, 11h17,
Okinawa GuestHouse 2, Yangoon
Distance parcourue : 88,33km
Vitesse moyenne : 15,56km/h
Vitesse maximum : 37,52km/h
Temps sur le vélo : 05h40min
Dénivelé positif : 146m
Altitude maximum : 132m
Ce matin, pas une goutte de pluie lorsque le soleil se lève : on en profite pour s’activer aussi ! 6h30, on démarre notre étape de la journée : rejoindre Yangoon, ce n’est plus la capitale depuis 2005 mais c’est la plus grande et intéressante ville du pays ! Pendant 30 kilomètres, on roule le long d’une route à 2*2 bandes mais avec un grand accotement. Ça secoue pas mal mais on a de la place ! La route n’est pas superbe mais les locaux l’embellissent. Beaucoup de chauffeurs s’arrêtent pour nous prendre en photo mais le ‘clic’ se déclenche après notre passage… certains ont droit à une seconde chance ! Les bus des locaux nous font marrer, vu que le sens de circulation a changé soudainement sous l’ancien régime, les portes s’ouvrent au milieu de la route… C’est donc toute une affaire pour rentrer et sortir du bus !
On croise pas mal de temples, de bâtiments religieux hindous (méga colorés) et de mosquées… Bref, très hétéroclite ! Il y a énormément de moines, avec la boule à zéro dès le plus jeune âge (bien plus stricte qu’avant). Niveau style, les jeunes sont assez ‘fashion’ avec ou sans longyi ! Mèche rebelle, boucle d’oreille, cheveux qui tendent vers l’orange… Bien souvent, ils travaillent (trop) jeunes notamment le long de la route où ils exposent de magnifiques étalages de fruits !
On enchaîne avec une route secondaire pour rejoindre Yangoon en espérant avoir moins de trafic : c’est le cas mais la route est aussi beaucoup plus étroite ! Après 50 km, on s’arrête à une bawette. La jeune fille est toute folle de nous sortir ces quelques mots de vocabulaire d’anglais et me prend en photo… C’est dingue comme ils sont tout fous de voir des étrangers ! On a alors droit à une visite du ‘background’ : sa famille est aux fourneaux, des forgerons à la tâche, ça nous impressionne ! Vu comme je transpire, elle m’agite un éventail durant cette visite… trop gentille même si ça me met un peu mal à l’aise. Avant de quitter ces chouettes rencontres, elle m’offre son éventail : j’en rêvais depuis des semaines sur mon transat à l’avant, me voilà aux anges ! On quitte en douceur la campagne aérée pour un quartier où la brique semble être leur gagne-pain. S’ensuit pas mal de zones industrielles mais on a l’impression d’être encore loin de la densité de la ville ! Et pourtant, on n’est qu’à 15 km du centre. On s’arrête à temps, une drache tombe au moment où on met le vélo à l’abri : bon timing ! On dîne dans une cantine, c’est très bon certes, mais je fais attention à ce que je mange… j’évite la viande et les crudités, il faut dire que l’hygiène n’est pas vraiment le point fort de ce pays !
On redémarre que la pluie semble s’être calmée. Ça y est, on rentre dans Yangoon : klaxons (mais étonnement moins qu’à la campagne) et chaos sont de la partie… Sérieux, on n’a pas facile de rouler dans ce bordel… c’est tellement dense et les gens sont peu courtois… Est-ce vraiment des Birmans au volant ? Difficile d’y croire ! Une pause s’impose, un gros nuage noir arrive… on se met à l’abri dès la première enseigne ‘café’ mais qui n’est pas un café ! C’est juste une grande salle avec des tables de billards où il n’y a pas moyen de consommer quoi que ce soit. 3 petits jeunes nous apportent des chaises et nous proposent des cigarettes (décidément)… Nos regards se baladent entre la pluie qui s’abat sauvagement et leurs sourires tellement honnêtes ! Après 10 minutes, il pleuvine, on poursuit notre route… Mais le trafic et la pluie sont de plus en plus intenses : ça ne fait pas bon ménage ! Puis Doudou devient capricieux dans les petites montées : un ‘clac’ inhabituel se fait ouïr. On arrive enfin à destination, mais les premières auberges de jeunesse nous refusent : pas moyen de mettre Doudou à l’abri ou enfermé ! La recherche est longue et pénible mais on trouve juste avant que la pluie ne se transforme en véritable déluge… En 7 minutes, les rues deviennent des rivières : il y a environ 20 centimètres d’eau partout : c’est super impressionnant ! On est ravis d’être au sec ! Nous avons du relevé Doudou sur des caisses car l’eau montait aussi dans le patio… Quen’ affaire ! L’eau continue de monter et le jeune qui tient l’auberge commence à angoisser… Si ça continue, le niveau du rez va être inondé ! Les unités extérieures des machines air-co sont sous l’eau, les immondices remontent : ce n’est pas le plus beau des spectacles à voir. On reste la fin d’après-midi à l’auberge, se doucher, se battre avec le wifi exécrable et se questionner sur la suite de notre voyage. La frontière est toujours fermée et on est censés demander le visa pour l’Inde demain matin… Puis la tempête se calme et nous pouvons aller à la rencontre de Sondre, un cyclovoyageur de Norvège et de son amie birmane, Sara. Via Angélique, nous avons été en contact avec Sondre pour le passage de la frontière indienne : malheureusement, il n’a pas pu la passer il y a quelques jours et est revenu à Yangoon bredouille.
Malgré ces petits malheurs, nous passons une excellente soirée à nous 4 ! Sondre est vraiment agréable puis c’est très chouette de rencontrer une Birmane, prof d’anglais qui est assez ouverte aux discussions sur son pays.
En rentrant à l’auberge, on rencontre 3 Argentins, que ça fait du bien de parler espagnol avec eux !
En espérant que le berceau d’Aung San Suu kyi va nous faire rêver,
Val & Pif
Pensée positive : Excellentes rencontres notamment avec la famille du forgeron !
Pensée négative : Entrée dans la ville assez difficile !
Anecdote : Sur la route, on aperçoit pas mal de tâches rougeâtres… Ce sont les crachas de leur ‘chewing-gum’ à base d’une pâte blanche et une écorce bordeaux emballés dans une feuille.



