Mardi 25 octobre 2016 – J356
26/10, 06h28,
Dans la chambre des garçons d’une famille ouzbèk, Denaou
Distance parcourue : 82,15km
Vitesse moyenne : 18,62km/h
Vitesse maximum : 53,57km/h
Temps sur le vélo : 04h24min
Dénivelé positif : 149m
Altitude maximum : 893m
On se réveille tout les 5 dans la pièce de la ferme, sur nos tapis. On se prépare gentiment alors que la famille montre petit à petit le bout de son nez. La petite Francine, un peu 4 sur 5 qui est restée avec nous toute la soirée hier et qui nous a déjà bien fait rire, revient à la charge ce matin. Elle touche à tout, mes ses mains sales et sa bave partout, et saute littéralement sur toutes les filles. On nous sert de nouveau thé, pain et confiture pour le petit-déj. Je sors quand même mon pot de choco de 1kg pour accompagner le tout… faut bien essayer de s’alléger.
On démarre vers 9h après avoir dit au revoir cette famille adorable. Cyril et Armony ont dormi dans leur camion un peu plus loin et Armony décide de rouler avec son vtt jusqu’à la frontière avec nous.
35km jusqu’à la frontière, on quitte l’autoroute qui relie les villes et villages tadjiks, pour arriver sur une route sans rien. En effet, il ne semble pas y avoir d’échanges faciles entre ces deux pays. Et les Tadjiks, tout comme les Ouzbeks, n’ont pas le droit de passer la frontière avec leur véhicule… du coup ça réduit fortement le trafic. On arrive au poste frontière sous un ciel bleu mais il fait très froid. Sortie tadjike sans encombre, plutôt easy. On a juste la confirmation que notre registration faite à Murghab n’a servie strictement à rien. On arrive alors à la tant redoutée douane ouzbèk. On a tellement entendu qu’ils étaient cinglés avec la fouille, les médicaments, le matériel électronique qu’on s’attend au pire. Et pourtant ça passe très bien. Les militaires sont extrêmement sympas et souriants. Toutes les sacoches sont passées aux rayons. Puis alors que Val présente quelques médocs et sa cup d’un côté, je regarde la vidéo du Kazakhstan avec les militaires de l’autre.
Une fois tout remballé et fait quelques tours sur Doudou avec deux militaires, on sort de l’enceinte de la douane pour être rapidement assaillis par des camionneurs. En effet, il se passe quelque chose dans ce pays qu’on ne s’explique pas encore. Pas moyen d’obtenir des soms ouzbèks en dehors du pays. Et dans le pays deux façons d’en avoir. Soit par la voie officielle, banques ou bureaux de change, à raison de 1$ pour 3000 soms. Ou au marché noir, comme dans ce cas ci, à raison de 1$ pour 6300 soms. On fait donc le plein.
Deux kilomètres plus loin, on se pose au bord d’un ruisseau pour pique-niquer. Pain fromage et saucisse. Tout cela passe très bien.
L’aprem, on prend du plaisir à découvrir des nouveaux décors, une nouvelle ambiance, des nouveaux sourires… bref l’excitation d’un nouveau pays. Partout, à perte de vue, des champs de coton. On ressent un peu la même chose que quand on est rentrés au Myanmar. Les gens sont extrêmement chaleureux. Des sourires jusqu’aux oreilles. Et les coups de klaxon sont toujours extrêmement encourageants et amicaux. Dans les champs, ils font énormément d’économies en conduisant des tracteurs à trois roues…!
Fin de journée et après 75km, on arrive dans la petite ville de Denaou. L’endroit est en effervescence. Il y a des gens partout de chez partout. Pour prendre la route secondaire qui nous intéresse, on se retrouve à traverser l’entièreté du bazar. Alors que Val va vite voir quelque chose dans une pharmacie, on se retrouve à 4, en moins de 30sec, entourés par une cinquantaine de personnes. On nous sert la main, on nous offre des fruits, on nous pose plein de questions, les gens sont géniaux et mettent du boum au cœur.
On continue à un peu rouler pour sortir de la ville et camper. On se retrouve rapidement entourés d’enfants à vélo. On rattrape également un grand-père à vélo avec sur son porte-bagages un panier avec deux melons et un bout de verre. Pauline papote un peu avec lui en roulant et d’un coup, il nous dit de le suivre car il nous invite chez lui ! On prend alors plein de petites routes et chemins pour arriver dans sa maison.
On se retrouvera très vite, vers 17h30, assis par terre dans une pièce autour d’un grand drap. On restera là jusque 22h. Le grand-père, ses 5 fils, ses deux petits-fils, sa fille, sa belle-fille, sa femme, on est immergés au cœur de toute la famille. Ils sont adorables mais étouffants. Si on va aux toilettes, il y a d’office l’un d’eux qui nous suit pour nous attendre devant la ‘porte’ de la ‘fosse’ avec une cruche d’eau chaude pour nous laver les mains après. On échange pas mal comme on peut avec les problèmes de langues. Ils nous gâtent comme jamais. On découvre pas mal de rituels ouzbèks. Les femmes nous cuisinent un énorme Plov. De nouveau on mange avec les mains dans les plats. Les femmes (sauf les invitées européennes) attendent que les hommes aient fini de manger pour manger ce qu’il reste. Un des fils construit sa maison pour le moment. Au moment de faire comprendre que Val est architecte, voilà qu’il lui tend un bic et un carnet pour qu’elle lui dessine les plans de sa maison. Pendant ce temps là la jeune fille sort un dictionnaire russe-ouzbèk-anglais, et décide de parcourir la totalité du bouquin avec Pauline et Siria.
Au moment d’aller dormir, les filles suivent la jeune fille dans une chambre et Nicholas et moi sommes emmenés dans une chambre avec les fils. On espère dormir rapidement tellement on est crevés, mais voilà que les 2 fils qui sont restés avec nous apportent une pile d’albums photos pour nous montrer la vie de leur famille…
On ne dormira pas avant 23h30 avec tout ça…
Pif & Val
Pensée positive : On est déjà amoureux des Ouzbèks !
Pensée négative : Soirée épuisante quand même, surtout sans électricité et donc à la frontale…
Anecdote : Alors que le militaire à la frontière regarde toutes les photos de l’appareil photos pour voir si nous ne sommes pas des trafiquants de films pornos, il tombe sur une photo de la famille australienne. Voilà ti pas qu’il me nomme chacun des enfants sur la photo! Ils retiennent nos prénoms en plus d’être sympas !
Mercredi 26 octobre 2016 – J357
20h16,
Hotel, Boysun
Distance parcourue : 89,92km
Vitesse moyenne : 13,55km/h
Vitesse maximum : 63,51km/h
Temps sur le vélo : 06h38min
Dénivelé positif : 1218m
Altitude maximum : 1247m
Allez, je reprends la plume aujourd’hui…
5h30, les garçons doivent se réveiller pour une nouvelle séance d’explications de photos… Nous, un peu plus chanceuses, on nous réveille à 7h! Le grand-père nous attend dans le salon familial avec le ‘chay’ suivi du pain et de sa crème bien grasse… Évitant toute graisse pour le moment, le grand-père semble déçu que je n’en mange pas et insiste plus d’une fois. Adorables, mais trop derrière nous à tout bout de champs ! Une photo familiale s’impose et puis le grand-père nous accompagne pour les 2 premiers kilomètres de la journée. Nous revoilà à 5 à sillonner les campagnes ouzbèkes. Très vite, le décor change et fait place au fameux désert ouzbek ! On ne l’attendait pas de si tôt mais il est co agréable : pas de sable, quelques oasis pour refaire le plein d’eau et de pain frais, et pas trop chaud vu l’arrivée de l’hiver ! Et puis, c’est loin d’être infini, ça monte et ça descend tout le temps.
Midi et 50 km, on trouve un endroit sympa pour le lunch… pain, pommes, fromage et, pains perdus par Siria et Nicholas ! Une première en camping et qui fonctionne plutôt bien !
Pour l’après-midi, on entame l’ascension d’un petit col, à 1200 mètres… mais les collines se succèdent encore avant la réelle ascension. Il fait plus chaud milieu de journée et on retrouve les sensations de transpiration et traces de sel. Les smartphones sont assez répandus ainsi que la mode des selfies ici, ça nous rappelle le Kazakhstan ! Beaucoup s’arrêtent pour prendre notre petit train en photo, mais le ‘clic’ retentit souvent quelques secondes trop tard !
On a du mal à avancer mais le trio de devant nous attendra toujours bien gentiment. Ici, en Ouzbékistan, on est obligés de s’enregistrer quelques fois à l’hôtel mais surtout au moins une fois dans les 3 premiers jours… On sait qu’une ville n’est pas très loin et on décide de le tenter ! Mais je me sens toujours bien faible et Pif puise aussi dans ses réserves pour faire avancer Doudou sur ce long faux-plat montant… La nuit arrive bientôt et les températures chutent !
18h30, on arrive à bon port ! On négocie les prix (c’est quand même bien plus cher que dans les pays voisins) puis on se relaye pour la douche…
Pauline et moi décidons de rester à l’hôtel, un peu KO. Siria, Nicholas et Pif partent au resto avec le proprio de l’hôtel qui a gentiment proposé de les amener en voiture vu comme il fait froid !
Une nuit tranquille s’annonce,
Val & Pif
Pensée positive : Découverte du désert montagneux ouzbèk !
Pensée négative : Des montagnes russes épuisantes.
Anecdote : Hier soir, les filles étaient écroulées de voir nos sacs de couchage… mais semblaient aussi perplexes quand on s’est brossées les dents…
Jeudi 27 octobre 2016 – J358
19h19,
Sous la tente, juste après Oqravot
Distance parcourue : 57,40km
Vitesse moyenne : 12,73km/h
Vitesse maximum : 61,70km/h
Temps sur le vélo : 04h30min
Dénivelé positif : 1024m
Altitude maximum : 1575m
Ce matin on veut se la couler un peu plus douce. Cependant à 7h50, un jeune homme travaillant pour l’hôtel frappe à notre porte et essaie de rentrer. Heureusement on avait fermé à clé. Je lui ouvre et il m’explique que le déjeuner est prêt… En effet on a négocié le petit déjeuner gratuit dans le prix. On arrive en bas et Pauline confirme qu’elle n’avait pas fermé sa chambre à clé et que le petit gars est carrément rentré dans la pièce pour la prévenir. Ils sont mignons mais un peu envahissants parfois… Le petit-déj ne casse pas la baraque, mais bon ça fait quand même du bien deux œufs sur le plat.
On traine de nouveau pour se préparer (avec un petit Friends entre deux sacoches) et on qui le parking de l’hôtel vers 9h30. On s’arrêtera à une pharmacie où Val trouvera l’antibiotique recherché et au bazar pour acheter eau, pain, légumes,… Plusieurs mendiants nous accostent et insistent pour avoir de l’argent. Ca nous déçoit un peu car on en a rarement vu en Asie Centrale… comme dans le reste de notre voyage d’ailleurs. Mais pas facile de cacher les liasses de billets avec lesquelles il faut jongler… Le billet le plus grand étant 5000soms, ça en fait des billets.
On quitte la ville sous une chaleur déjà bien présente (ça fait bizarre) et on attaque ce qu’on fera toute la journée : des petits et moyens cols. Les paysages sont toujours désertiques et lunaires. Dans les bourgades, les écoliers toujours au top. Les sourires toujours radieux. On nous offre tout le temps des fruits, que ce soit les vendeurs au bord de la route ou les automobilistes qui s’arrêtent pour faire un petit selfie avec nous (Pauline est la vedette du groupe).
Après le pique-nique, on arrive à un gros check point qui marque la frontière entre deux provinces. Les voitures et les camions font la file, et les policiers et les militaires contrôlent quand même bien l’entièreté des passants.
Dans le dernier gros col de la journée, on suit de près et de loin un chemin de fer. On verra d’ailleurs un long train de marchandises nous dépasser, avec à sa tête une locomotive à l’ancienne. De plus, arrivés au sommet, une vieille locomotive surplombe un sommet… apparemment le chemin de fer fait partie de l’histoire du secteur. Les habits traditionnels sont toujours bien présents. Et en plus des longs peignoirs, les vieux hommes portent un chapeau en fourrure qui a l’air plutôt confortable.
Après cette belle journée on plantera la tente derrière une colline nous séparant de la route. On mange rapidement des nouilles avant de chacun regagner sa tente… la nuit tombe trop vite maintenant.
Pif & Val
Pensée positive : Cols bien gérés avec des encouragements des locaux toujours au top!
Pensée négative : Le soleil disparait beaucoup trop vite.
Anecdote : Dans l’effort, pas évident d’expliquer d’où on vient chacun aux voitures qui ralentissent. Du coup on est des fois tous Suisses, des fois tous Belges,… mais bien entendu jamais tous Français.
Vendredi 28 octobre 2016 – J359
19h07,
Sous la tente, juste avant Qamashi
Distance parcourue : 99,37km
Vitesse moyenne : 19,71km/h
Vitesse maximum : 63,29km/h
Temps sur le vélo : 05h02min
Dénivelé positif : 346m
Altitude maximum : 1380m
Lever lorsque le soleil arrive, avec une injection de l’antibiotique dans la fesse au réveil… Heureusement Pif se débrouille comme un chef ! Le voyage à vélo, ça rapproche… Pour le petit-déj, les Suisses et Pauline sont déjà en train de faire griller du pain et des pains perdus ! Un délice. Notre duo en tandem, on est plus lents pour tout remballer et pour les montées mais on forme une chouette team. On repart en formant notre petit train… ça commence par une belle descente de quelques kilomètres alors on est la locomotive ! La route est agréable bien que certains tronçons soient en chantier. Après 7km, on fait une micropause pour féliciter Pauline et ses 3000 km et puis c’est reparti… 20 kilomètres plus loin, on boit un thé en terrasse : il fait clairement plus doux aujourd’hui ! Les garçons craquent sur une samsa matinale. On fait le plein de pains tièdes (ils sont vraiment doués par ici pour les pains frais), et puis on repart ! Ça monte, ça descend mais rien d’insurmontable malgré les panneaux indiquant une pente de 10% !
Midi 30 et 50 kilomètres, on fait notre pause lunch… toujours dans la bonne humeur ! Mais 5 kilomètres plus loin, un gaillard court vers nous en nous proposant de nous offrir un repas… c’est super gentil mais on est déjà bien remplis !
L’après-midi, on descend progressivement vers une grande étendue aride : ça fait clairement moins rêver. On arrivera facilement à une belle distance parcourue mais le soleil tombe vite. On trouve un endroit pour bivouaquer tout en demandant à un habitant proche si on peut camper. Il ne semble pas y voir de problème alors on se met à la tâche ! Pif tente de réparer une enième fois un des arceaux de la tente mais Nicholas nous sauve en nous donnant un embout magique !
Sur ce, on fête les 3000 km avec bière et melon pour l’apéro. On se contente d’un paquet de nouilles en admirant Siria et Nicholas manger 500 grammes de pâtes à eux d’eux facilement… Vraiment, on ne mange pas grand-chose par rapport aux autres cyclistes !
19h, il fait bien noir et le froid arrive : vite aux abris ! 19h30, alors que j’écris l’article, des phares illuminent nos tentes. Il s’agit de militaires et Nicholas et Pif sortent pour converser avec eux. A priori, on serait à proximité d’une zone militaire mais pas de soucis pour camper, ils venaient juste par curiosité. L’un d’eux parle allemand et est ravi de pouvoir parler avec Nicholas !
Au dodo en pensant fort à ma petite maman qui fête ses 60 ans,
Val & Pif
Pensée positive : Quel bonheur de manger chaque jour du pain frais !
Pensée négative : La route de l’après-midi était plus monotone.
Anecdote : Ici, beaucoup de tuyaux de descente sont en fait un empilement de bouteilles en plastiques… plutôt original !
Samedi 29 octobre 2016 – J360
18h40,
Devant la bawette à Tender Kebab de Samja, au milieu du col après Orisqishloq, 1191m
Distance parcourue : 75,24km
Vitesse moyenne : 14,88km/h
Vitesse maximum : 39,39km/h
Temps sur le vélo : 05h03min
Dénivelé positif : 752m
Altitude maximum : 1191m
C’est abusé comme il fait meilleur ici qu’au Tadjikistan. On a même trop chaud si on ferme le sac de couchage à fond pour le moment. Vers 7h le campement s’active. On déjeune tous ensemble et comme à chaque fois qu’on est en groupe, on mange bien de chez bien. A 8h30 on est prêts à démarrer. Mais on perdra 20min… on se rend compte que le pneu avant de Doudou commence à se déchirer au niveau de la jante. C’est excessivement énervant… Si on ne gonfle pas à fond ça ne va pas avec le poids qu’on fait sur le tandem. Et si on gonfle à fond les pneus se déchirent… Enfin on solidifie comme on peut avec du gros scotch et notre petit train démarre.
Ce matin il fait un peu plus frisquet quand même et ce à cause d’un voile nuageux qui cache un peu le soleil. La route ne nous apporte pas grand-chose. Une autoroute avec quand même pas mal de trafic. Les conducteurs et passagers sont au top, mais trop de klaxons, ce n’est pas toujours évident. Toujours beaucoup d’enfants. L’uniforme (ou le costume scolaire) n’est pas aussi bien respecté que dans les pays voisins pour le moment. On passe à côté de beaucoup de nouveaux ‘lotissements’ avec à chaque fois la même maison-modèle… l’Ouzbèk qui l’a dessinée doit être sacrément riche à l’heure qu’il est.
A midi on s’arrête pour se poser sur la terrasse d’un resto-route. Langhnam, Chachlik, poulets, salades, pain, on commande de quoi se faire un festin. Et ça en sera un, avec un poulet savoureux qui rentre dans mon top 5 personnel des bonnes volailles.
L’aprem, c’est parti pour un faux-plat montant jusqu’au début du gros col qui nous attend. Toujours autant de marchands de pain frais. Ce dernier toujours aussi délicieux. Pour le moment ce pays est le pays du pain. On s’arrête pour acheter de l’eau… on a vite un troupeau de 20 personnes qui nous entoure pour nous poser mille et une questions (et nous offrir des noix savoureuses). On revoit, comme au Kazakhstan, des gens avec des lunettes. Confort du quotidien qui n’existe pas encore au Tadjikistan et au Kirghizstan.
Vers 15h15, on arrive au début du fameux col qui nous fait prendre 900m d’altitude et dont on voit bien le tracé dans la montagne depuis le début. Les copains sont confiants et veulent arriver au sommet pour camper (il y a 15km à faire), Val et moi sommes plus mitigés, déjà bien fatigués. Les copains partent devant et on se donne rdv au sommet.
16h30, il nous reste encore 400m de dénivelé, une bonne moitié de kilomètres, on en a marre, on n’a pas envie de planter la tente et de manger dans le noir, tant pis, on s’arrête. Et là, dans un lacet du col, une bawette avec un petit gars devant. Autour de la bawette des panneaux ‘Tender Kebab’. Le jeune homme nous fait signe, et nous on s’arrête pour lui demander si il n’y a pas 3m² pour mettre notre tente derrière sa bawette (le col est plutôt à flanc de montagne). Super content et comme honoré, il nous montre un coin d’herbes parfait pour nous. On monte la tente et puis on va se poser avec lui à côté de sa bawette. Samja a 20 ans et de ce qu’on comprend, gère le business avec son grand-frère. Leurs parents sont décédés dans un accident de voiture. Il vend ici de la viande. Le ‘tender kebab’ n’a rien à voir avec ce qu’on connait chez nous évidement. C’est une façon d’assaisonner la viande de mouton, la cuire, la sécher. Il nous fait gouter différents morceaux de la bête qu’il vend aujourd’hui et qu’il a tuée et préparée lui-même. C’est juste un délice. On passe un super moment avec lui. Il nous fait chauffer de l’eau de la source pour nos nouilles (il refuse le sachet qu’on lui propose). Puis on partage ensemble une bonne tablette de chocolat en dessert. On lui fait découvrir la Belgique et le voyage via nos photos et vidéos. Et aussi bizarre que cela puisse paraitre : plusieurs voitures et camions s’arrêtent pour acheter des bons morceaux de viande, comme si ils allaient chez le boucher, mais dans une bawette, au milieu d’un col, à 1191m d’altitude…
On ne tarde pas à dire bonne nuit à notre ami (qui lui dort dans sa bawette qui n’a plus d’électricité depuis bientôt 1h) et on se donne rendez-vous pour le déjeuner demain.
Pif & Val
Pensée positive : Le poulet de midi, et surtout l’incroyable rencontre de Samja au milieu du col de fin de journée.
Pensée négative : Fin de journée sans les copains qui se sont donné un objectif trop violent pour nous.
Anecdote : A chaque fois qu’une voiture passe, Pif se place à côté de la pancarte ‘tender kebab’ et fait des grands signes pour ramener le client… mais ça ne marche pas toujours…
Dimanche 30 octobre 2016 – J361
20h40,
Bahodir Hostel, Samarcande
Distance parcourue : 61,88km
Vitesse moyenne : 15,33km/h
Vitesse maximum : 62,64km/h
Temps sur le vélo : 04h02min
Dénivelé positif : 593m
Altitude maximum : 1663m
On se réveille tôt, 6h quand même mais avec une petite pluie… Samja a eu pas mal de clients la nuit mais est toujours d’aussi bonne humeur ! Il nous accueille dans sa bawette, avec du pain et du chay. On fait une petite séance photo et puis on se sépare, en lui laissant du chocolat à gogo vu qu’il en raffole ! Il nous a fait du boom au cœur ce petit gaillard… vraiment top ! On poursuit ensuite le col : on monte progressivement mais sûrement ! En 1h30, on arrive enfin à la fin ! Mais il se met à pleuvoir et, on crève à l’arrière… On répare comme on peut, un peu agacés de cette enmerde technique mais surtout de ne pas profiter des belles vues ! La purée de pois sera présente jusqu’à notre destination finale pour cette étape malheureusement… En descendant, c’est assez raide et on fait des pauses tous les 5 kilomètres pour soulager les freins.
Après 30 kilomètres, on passe un poste militaire qui nous informe que les amis nous attendent un peu plus loin, en train de boire un thé… Et, de fait, on les retrouve au bord de la route, après avoir été invité à un mariage ! Ils se sont éclipsés vu le traquenard que c’était… Orgie de boissons et de nourriture apparemment ! Ils ont réussi à atteindre la fin du col hier et ont dormi sous une tempête, au sommet ! Nous leur avions transmis un message via un camionneur mais qui, visiblement, n’avait pas compris… Quoi qu’il en soit, on est heureux de les retrouver et de partager nos dernières expériences ! Ils nous ont attendus pour atteindre Samarcande, et ça, c’est vraiment sympa de leur part !
On poursuit alors ce faux-plat descendant dans ce blizzard et on rencontre 2 Suisses, se rendant au Pamir… Bien courageux d’affronter cette région en cette période mais on les admire ! On parle beaucoup avec eux puis on reprend notre route. L’asphalte est top mais les vues sont moins terribles. Heureusement, les Ouzbeks sont toujours aussi souriants et démonstratifs !
On atteint alors la périphérie de Samarcande… L’entrée n’est pas dingue mais Pif est tout fou vu comme ça sent la viande partout ! Souvent, on visite les pays pour les paysages à admirer et pour leur population mais, pour la première fois dans ce voyage, nous voyageons en Ouzbékistan surtout pour découvrir ses villes… Nous en attendons beaucoup ! Nous espérons ne pas être déçus… Mais, au pire, les Ouzbeks nous donnent déjà une sacré bonne impression du pays !
A proximité de notre guesthouse, un bâtiment emblématique pointe le bout de son nez… Allez, on fait un micro-détour pour découvrir de plus près le Registan ! C’est juste, grandiose et splendide… nous voilà plongés dans le décor de 1000 et 1 nuits ! Les mosaïques colorées, les plafonds colorés, les arcades, les coupoles… WAW ! On compte bien s’informer plus sur ce bijou architectural dans les prochains jours. Petite pause devant avec les vélos (où les locaux se précipitent pour faire des selfies avec nous) puis on se rend à l’hôtel. Patio verdoyant, petit thé, melon et biscuits à notre arrivée, ristourne sur le prix ‘de groupe’, l’endroit est sympa et les proprios plutôt souriants !
On prend alors l’apéro après nos douches successives pour fêter notre arrivée en équipe dans cette ville si mythique et mystérieuse… Et puis, 13000 kilomètres, ça se fête !
A l’auberge, on retrouve Chang, le Coréen… toujours malade et n’arrive pas à expliquer ses symptômes. Du coup, il rentre dans son pays natal pour se faire soigner au mieux. Emilie et Romain sont également là et nous partons avec eux pour le souper. On passe devant le Registan illuminé, et puis on soupe ‘local’ : chachlik ou plov (ou les 2 pour les gros estomacs) puis on rentre tranquillement à l’auberge.
On peut enfin bien se reposer,
Val & Pif
Pensée positive : Arrivée à Samarcande en team et incroyable vue sur le Registan !
Pensée négative : L’arrivée au-dessus du col sans pouvoir ‘voir’ et avec une crevaison…
Anecdote : Comme au Tadjikistan, les locaux rangent toujours bien les chaussures devant leurs maisons et balaient l’extérieur dès potron-minet. Par contre, laver les toilettes, c’est une autre histoire…